Mots et couleurs

textes auto-biographiques anciens et actuels, poésie, chansons, contes et nouvelles

16 juin 2005

les proches

LES PROCHES ET LES LOINTAINS

Seules à la table du petit-déjeuner, Adrienne et moi échangeons quelques renseignements identitaires. Oui, nous avons des enfants, des petits-enfants, les uns proches, les autres lointains. Elle communique avec les lointains grâce aux merveilles technologiques que sa fille, toute proche, lui tend.
En écartant le rideau de la salle-à-manger, en ouvrant les volets de ma chambre, j’ai vu la montagne enveloppée de brouillard. Comme éloignée soudainement. « C’est mauvais pour les bronches » a dit Adrienne. J’ai vu passer Olga devant les carreaux, la poubelle sur l’épaule pleine des mauvaises herbes arrachées au jardin grâce à la pluie d’hier au soir. Elle va repiquer des œillets d’Inde qui tiendront tout l’été.

Rencontré dans le couloir Luc, le jeune parapentiste encore ensommeillé mais apprécié son bonjour. Adrienne a beau dire que les photos et les e-mails reçus de Nouvelle Zélande valent la présence, moi je préfère encore les bisous réels aux virtuels, les bonjours sonores aux silencieux. Luc, une demi-heure plus tard, arrange mon col de survêtement. Pour que je ne prenne pas froid. Quelle machine peut remplacer cela ?

Proche encore, car tout près du réveil, un petit cerisier. D’abord quelques cerises bien tentantes à cueillir. Un cerisier de bord du rêve mais qui ne m’appartient pas. En me rapprochant je découvre tant et plus de cerises entre les feuilles, à la base du tronc, déjà gâtées par les insectes, pourrissantes. Plus d’hésitation, je cueille, je vais cueillir. Le petit cerisier de loin quasi interdit a grandi et s’est chargé d’abondance en se rapprochant de moi. Ou moi de lui ?
Ainsi de la journée. Chaque jour : une fête, m’a affirmé le septuagénaire d’hier. Ok ! Bonne idée ! Chaque jour un anniversaire, une fête. Chaque jour des cerises. A midi, clafoutis de cerises. Au repas ce soir assiette de cerises Napoléon cueillies avant la pluie. Rêve prémonitoire ! Cerises à gogo !
Instinct de vieux pour qui la route profile déjà sa fin ? Expérience de jeune qui n’a pas vu passer la vie tant elle était bonne à croquer ?
Proches ou lointains, même les jours anciens peuvent se consommer dans l’instant d’écriture.

Ainsi reprendre de dimanche, anniversaire de Sim, quelques images douces, sur le clavier.

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