la parole écrite
"Que dire de la parole
écrite ?"
Georges Bernanos Les grands
cimetières sous la lune
Elle reste cette parole
contrairement à l’autre qui s’envole, c’est bien connu, le proverbe le dit.
Elle reste, elle est déposée.
Tandis que la voix sonore tombe comme la pluie et s’évapore, la parole muette
est la terre fécondée.
On peut la cueillir, longtemps après son émission, de
saison en saison, de siècle en siècle. Qualité de la graine robuste qui
reproduit la graine. Hasard de la fécondation qui peut s’interrompre aussi
bien ;
Pourquoi ai-je eu cette
fascination pour la parole écrite dès mon plus jeune âge ?
La lecture m’absorbait
totalement, me rendait audacieuse, dissimulatrice. Pour m’adonner à mon vice (
selon ma mère responsable de ma myopie et de mes faibles mollets) je me serai
faite voleuse, brigande des grands chemins.
C’est par l’écriture que j’ai
laissé les hommes s’approcher de moi. D’où un erreur d’appréciation quand leur
voix réelle frappait mes oreilles j’espérais une autre musique. Je leur
refusais le bénéfice du doute : leurs lettres devaient témoigner de
l’immortalité de leur âme ! les condamnaient à ne devenir que les
médiocres accompagnateurs de la banalité de mes jours. Et je continuais de
reporter sur les Hugo, Musset and Co mon attention béate et mon admiration
nocturne.
Déçue toujours évidemment …
cherchant toujours l’admirable assemblage d’un corps qui bande et d’une main
qui trace, équilibre, sonde, fonde et multiplie. L’amoureux écrivain
quoi ! l’écrivain amoureux ! l’impossible et le solide ! bref !
Mais à défaut, à force de tourner
vers ma seule écriture toutes mes forces et tout mon temps, il m’arrive de voir
apparaître dans le miroir de la page écrite un visage qui s’amuse à me
dévisager.
Et je ris !
1 commentaires:
Je comprends cette passion, je l'ai aussi et c'est elle qui m'a fait évoluer.
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