Mots et couleurs

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27 mars 2012

cendroye


Et sa marraine la prend dans ses bras, caresse sa joue, lui murmure :
- Repose-toi Pâquerette ! il faut que tu sois belle et reposée pour le bal au château
- Oh Marraine Le bal ! j’ai tant à faire. Tout est préparé pour mes sœurs, leurs falbalas, leur équipage mais je resterai, moi, près de l’âtre à monder pour l’huile de l’année ce tas de noix qui reste encore à casser, à trier et je suis loin d’avoir fini. Ma mère me punira de ma paresse.
- Tu n’as ni sœurs ni mère en ce monde mon enfant. Mais ta maman du ciel m’a déléguée. Repose-toi ! il est venu le temps de ton repos. Un carrosse viendra te chercher après le départ de ta marâtre et de ses filles. Laisse-moi te guider. Tout est prêt. Tu seras la plus belle, le Prince viendra, il te prendra par la main et vous danserez la vie.
- Marraine ! Avez-vous vu mes doigts écorchés, mes ongles cassés. Comment un Prince voudrait de cette main indigne ?
- Ne t’inquiète pas Pâquerette. Pâques est venu. Tes mains nous les couvrirons de gants de soie jusqu’à ce qu’elles guérissent. Et sous les gants de soie tes mains laborieuses deviendront mains de princesse heureuse.

Ainsi fut fait …. Pâquerette s’en alla au bal…
À minuit, affolée, elle quitta précipitamment les bras du Prince dans lesquels elle valsait pour rentrer avant que les chevaux du carrosse ne redeviennent rats des champs, que la voiture ne rentre dans l’écorce d’une courge, et que la robe si belle, si dansante, si voluptueuse, ne soit sarrau dépenaillé …
Si précipitamment qu’elle accrocha au passage de la porte du palais sa main qui l’ouvrait : le gant resta sur la poignée, tomba à terre. Tout cela si vite, si habilement, que le Prince ne put rattraper le feu follet.
Le lendemain, Pâquerette revenue à son ouvrage, revenue aux ordres et châtiments, se met à trembler en reconnaissant son cavalier qui, de maison en maison, de hutte en ferme, de chaumière principale en résidence secondaire, cherche méthodiquement à retrouver les promesses de la main douce, forte, souple, vibrante qui avait séduite la sienne.
Arrive ainsi au hameau, le Prince, charmant, désinvolte, passionné, unique.
Trouve non sur le champ mais à l’intérieur de la chaumine la main douce, forte, souple, vibrante avec laquelle il veut conclure pacte et bonheur.
Demande la main, l’obtient, la garde
Pour le meilleur et pour le pire certes mais surtout, il n’en doute pas, pour le meilleur possible dans le meilleur des mondes possible.
Pas fou ce Prince, pas ébergivé, pas dingue, pas niaiseux pour un sou, pas empoté !
Trouve ce qui se trouve quand on cherche : la main dans le sac, la main pour le gant.

Et c’est pourquoi, dans le vent qui souffle sur les pâquerettes au printemps, l’histoire de Sandroye, a trouvé, quelque part en Bas-Dauphiné, tout près du Rhône, une oreille pour entendre, un oiseau pour chanter
Et une bouche qui aille comme un gant à cette histoire…
Dieu soit loué !

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