ART DIVIN
Atelier S’ECRIRE /ART DIVIN
Elle n'avait pas bon oreille. ça l'arrangeait quelquefois. Faire la sourde oreille ma foi c'est tout ce qu'il vous reste quand on a perdu le pouvoir. Sur ses yeux et sur ses jambes. Sur ses gendres et ses fils. Sur les caves et les greniers. Sur les clés et les portes. Aussi, bien qu'on lui parla à voix double ou à mi-voix, de l'art divin, elle ne voulut entendre que l'art du vin. Et elle partit d'un grand rire enivré. L'art du vin, ma fille, expliqua-t-elle à la petite, la seule qui resta encore accrochée à ses lèvres, commence par la vigne. Et elle lui raconta les longues "tires" de plants de noah, de bacot, de 7055 ... comment le grand-père avait transmis tout le champ des Nappes à Elle seule en sautant un degré de filiation parce qu'il la jugeait la plus digne ... mais aussi parce qu'elle le soignerait jusqu'à son dernier souffle sans se plaindre ... Comment cela déclencha une guerre tribale dont elle mesure encore aujourd'hui les mauvaises conséquences sur les humeurs des uns et des autres ... comment on se levait à l'aube le jour des vendanges pour arriver à la vigne quand la rosée serait tombée ... comment pour ce jour-là elle avait préparé le pâté de lapin qu'ils mangeraient vers midi, une fois arrivés au milieu des tires ... elle lui raconta la Coquette, la vaillante jument qui remontait le char chargé des gerles pleines à coups de reins volontaires ... jusqu'à la route ... et de la Coquette, elle passa aux chats, au Rip le chien ... elle dévida ses contes avec art.
2 commentaires:
Elle connaissait bien son art. C'est un beau texte.
ah oui c'est un beau texte !
Mais, dis-moi, il me semble l'avoir rencontrée, cette conteuse !
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