LA VOISINE

LA COCO

« je prends prends d’la coco
ça m’rend tout rigolo »

Toc ! toc ! Comme une gamine qui joue à la marchande, la phrase est venu cogner à la porte de la nuit ;
Gentiment … Un toc toc familier et sans conséquences. Même pas la demande d’une permission d’entrer ;
Non ! la pénétration immédiate. Simple. Sans autre forme de procès.
D’ailleurs le procès, depuis le temps qu’il était à instruire, pouvait attendre
La chanson gavroche à la voix éraillée, non !

Elle laissa la coco mentale se répandre doucement dans le fond et l’arrière-fond du cerveau … tapisser les vagues relents de rêve … Elle se leva.
Elle avait tâtonné pour trouver le bouton de la lampe de chevet et son mouvement latéral. Elle avait troqué la veille la lampe d’ici pour la lampe de là-bas. Heureusement qu’elle l’avait rapportée !
La lumière en était un peu, un peu plus, un peu trop vive. Il faut s’habituer. C’est tout.

En fait de coco elle se fit une tisane de verveine. Quand elle regarda au fond de la tasse, le sachet, sûrement trop vieux, avait déposé une poussière gris verdâtre.

Elle aurait aimé y lire quelques indications sur le lendemain, ce qu’elle allait faire, ce qui allait lui arriver … Mais comment lire dans le marc de verveine quand on n’a pas appris ?

La nuit, au battant fatidique des 3Heures, s’était ouverte sur le chuintement habituel des radiateurs.
Elle savait que la nuit n’avait pas de mauvaise intention. Elles étaient calmes et silencieuses toutes deux comme souvent à cette heure. En arrêt.
La chanson et même la voix de Fréhel n’avait eu qu’à traverser le parc mouillé par la dernière pluie un peu neigeuse d’hier au soir, n’avait eu qu’à suspendre les notes camées aux branches des forsythias jaunes, des prunus et autres arbres roses et blancs. C’est beau en ce moment dans le parc. C’est bien fleuri. La mairie fait ce qu’il faut.
La chanson avait dégouliné à travers les neurones, ou quelque chose comme ça, grimpé les étages, condensé ses vapeurs et bref …
La voilà réveillée qui gratte sa mémoire.