AIGLE
de l'atelier aux mots inducteurs
C'est un aigle de fer, de froid, de givre qui descend des montagnes. Ce n'est qu'un aigle, je me répéte, pour le regarder de haut. "Eh L'aigle pour qui te prends-tu ? Le hasard t'a fait naître, de père et maman canetons. Tu grandis dans ton nid des becquées qu'ils donnèrent. Moi qui suis alouette j'ai pris soin de varier mes parcours pour ne jamais te rencontrer. Chaque fois qu'un oiseau menaçait de te ressembler, gonflait ses plumes, croassait des menaces, je le quittais. Et voici qu'aujourd'hui, à 70 et plus, il faut que nous nous affrontions enfin. Aigle, j'admire ta force, ton envergure ... je ne te ferai pas allégeance. Et vois-tu, le jour en est venu, je te délivre ainsi de toute représentation. De n'être que moi-même, presque sans peur et sans reproches, je peux enfin, aujourd'hui, te parler justement. Toi qui n'es qu'un vieil aigle, tapi dedans son aire, je peux enfin te dire, que je ne te souhaite qu'un peu de soleil, de vent, juste ce qu'il en faut pour épousseter ta voilure, pour chauffer tes vieux os ... Je ne te souhaite que de m'avoir oubliée, vraiment, sans interstices dans l'oubli, totalement, sans rémisniscences flétries par la haine. Celui, dit- on qui ne peut aimer à sa mesure, convertit en haine l'amour, veut blesser à mort ce qu'il n'a pu réduire à n'être que le reflet de ses illusions. A toi, Aigle d'hier, l'alouette enjouée qui vient de prendre l'aube par le dessus d'un ordinateur portatif, envoie le salut de son chant matinal !
1 commentaires:
C'est l'alouette du printemps!
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