Mots et couleurs

textes auto-biographiques anciens et actuels, poésie, chansons, contes et nouvelles

19 janvier 2009

Sol SOL SOL RE bis

Il arrive qu'une symphonie naissante au matin se casse la gueule au soir. C'est bête. Un coup de Bordeaux en trop, un navet à la téloch, un thé à la mauvaise heure ? l'impossibilité foncière d'appliquer à la lettre les conseils enjoués que l'on donne aux autres ?
Bon ! repartons d'un bon pied ! Sol Sol Sol Re



M'est revenu le motif de l'accord.
Maurice Genevoix encore.
J'avais entendu à la radio une lecture d'un de ses textes : le départ à la chasse, les trompes sonnaient : sol sol sol ré. C'était la première phrase, l'envol du texte. J'avais donné à entendre l'émission à mes élèves et interrompu pour leur laisser écrire eux-mêmes une suite. En somme j'avais inventé le mot inducteur si banal aujourd'hui en atelier d'écriture. Le résultat de mes élèves m'avait paru si prometteur ( des Maurice Genevoix à la pelle) que j'avais envoyé ces textes au secrétaire alors de l'Académie Française. Nous étions donc dans les années 1970 puisqu'il en démissionna en 74. Je reçus une réponse aimable et un autographe que j'ai perdu, oh la la ! Il n'en fallut pas plus pour que je me sente à vie sous l'aile du grand écrivain.
C'est amusant que l'anecdote au demeurant bien insignifiante dans une vie de pédago ( mais pas n'importe lequel !) ressurgisse sur un accord. Je suis retourné lire hier du Genevois." Jeanne Robelin", une histoire de femme dans la guerre et "La mort de près" un récit autobiographique. Je progresse doucement à travers les deux et la journée. Comme à chaque fois que je trouve une écriture qui me touche profondément j'y puise une peu d'énergie pour écrire moi-même, surtout pour me défaire du sentiment défaitiste que l'écriture, si bonne soit elle, ne sert à rien contre le malheur, la bêtise, la dégradation physique ... et puis c'est si agréable de trouver là une citation estampillée. Les pedago adorent les citations. Eux qui ont tant à corriger des fameuses "fautes" de français comme ils sont heureux de témoigner pour la langue, la splendide, la limpide, l'harmonieuse langue française ! Il leur faut toute une vie pour y mettre eux-mêmes la main à la pâte sans permission, sans références. Pour sortir de l'obéissance passive. Pour bloguer à tire-larigot !

"Aujourd'hui comme alors, c'est ainsi que je voudrais témoigner. Seulement, entre mon témoignage d'homme jeune et celui qui me requiert maintenant, il y a la durée d'une vie, son poids et peut-être sa sérénité.
Je voudrais revenir sur ce mot. Certes je reconnais le garçon du temps de guerre, le soldat que j'ai été ; mieux sans doute et plus fraternellement que je l'euse fait en ma maturité. Mais je sens comme au premier jour les émotions qui l'ont secoué, ses indignations, ses révoltes, sa pitié, son courage et sa peur, Il me semble aujourd'hui que nous pouvons lui et moi, confronter nos témoignages, les unir, en accroître ainsi la force et en prolonger l'écho.
A ce garçon qui était moi, je devrai dans cette tentative l'apport d'une connaissance marquée au vif de sa chair mortelle. Il me devra, peut-être, celui de cette sérénité dont je parlais il y a un instant et à laquelle, au long des années, la connaissance qu'il m'a léguée aura certaienement contribué. Ainsi se définit et se précise le but qui me sollicite aujourd'hui;"

Et si j'avais retiré les guillemets, changé le "garçon" en la "fille" m'auriez-vous reconnu ? auriez-vous reconnu vos propres intentions d'écrivains à cette place modeste et changeante . Mais je ne puis ! Pas de capture frauduleuse, une appropriation.
" Tout homme est solidaire. Il est ainsi comptable de ce qu'il est en mesure de transmettre. et il l'est dans la mesure même de ce qu'il a personnellemnt reçu. L'heure est venue pour moi d'y songer."
Quand Maurice Genevois écrit ceci en 1972, il a 82 ans. J'ai encore du temps devant moi !
Sol Sol Sol ré !

3 commentaires:

Anonymous Anonyme a dit...

Maurice Génevoix est un auteur que je connais peu,tu me donnes envie d'y aller voir..Merci!

lundi, 19 janvier, 2009  
Blogger Julie Kertesz - me - moi - jk a dit...

Sans dire les même mots, j'ai l'impression que ce matin j'ai écrit du même source.

"Comme à chaque fois que je trouve une écriture qui me touche profondément j'y puise une peu d'énergie pour écrire moi-même" ce qui me motive écrire, continuer, aussi le souvenirs des certains mots qui m'ont touchés et encouragé dans temps lointains mais dont je m'en souviens l'aide encore, à 74 ans, après au moins 40 ans de distance.

lundi, 19 janvier, 2009  
Blogger Solange a dit...

Ce texte me parle à moi aussi, la sérénité de la vieillesse complète la fougue de la jeunesse.

lundi, 19 janvier, 2009  

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