Dimanche 30 Mars
Une écriture à fleur de peau. A fleur de réveil. A fleur de rêve mais s’élançant vers la réalité.
Une écriture sans arthrose qui affleure en souplesse, en jeunesse, en sourire …
Et pourtant elle vient de s’entendre dire « bonjour Madame, s’il vous plaît la petite écriture bine installée qui voyage aujourd’hui. Elle s’est tue.
Le sourire ou plutôt la grimace suppliante venait de la bouche mal débarbouillée d’une jeune mendiante. Sans doute roumaine, rom, romanichelle … Qu’importe le qualificatif identitaire quand le rôle est défini d’avance. J’ai répondu Non ! sans redresser vraiment la tête, quasi par principe. Pour ne pas déranger mes principes, mon porte-monnaie au fond du sac, cette attente du train dans la gare.
Et pourtant j’ai le temps. Largement. Un temps large ouvert sur une journée uniquement consacrée au voyage et à l’installation parisienne pour quinze jours.
Attente lente, étroite, crispée dans les douleurs, le bazar des souvenirs qui divaguent au fil des heures scandées par la pendule cette nuit … Je suis et reste la Bacassine du Bas-Dauphiné si anxieuse de partir comme si de rester là. Si désireuse de changement mais accablée par l’éminence de ce changement. Si préoccupée de prendre le train, seule comme une grande qu’elle n’a jamais réussi à devenir. En plus si vieille ! eh oui ! sans s’en apercevoir elle va doubler le cap 70 la petite toute ch’tite. Qui l’eut cru ? elle qui mangeait si peu, qu’avait si mal au ventre, qui digérait si mal. Surtout les matins d’école, de mariage, d’examen, de travail, de rentrée… Ces matins qui réclamaient, exigeaient, calculaient les déficits et escomptaient les bénéfices avant de s’élancer. Qu’elle aimerait des matins calmes, alanguis … des matins qui durent indéfiniment dans le lit, à demi-endormis, des pays entiers de matins calmes …L’ennui, la contradiction est qu’elle les fuit ces matins répétitifs. Le comble est que dès qu’ils s’immobilisent, les jambes lui démangent … Aussitôt que l’arrêt imprécis, indéterminé, vacant, dure ... le temps lui dure. Elle a peur de se perdre avec lui. Alors elle part, elle voyage … Elle écrit. Elle brode. Elle a logé dans sa valise les crayons, les pinceaux, l’aquarelle et les fils de couleur. Et pour faire bonne mesure comme une grand-mère de choc les double portables : téléphone et ordinateur … Si elle allait s’ennuyer ? Seule concession au grand âge les bagages la suivent en voiture. Pour l’heure, cette heure à glisser dans ce changement d’horaire, elle n’a guère que mini possibilities à portée de main.
• petit incident dans le voisinage. Les flics : Trois. Beaux, grands, musclés, suréquipés, roulant les mécaniques viennent d’entrer dans la salle d’attente. Ce n’est pas moi dont ils contrôlent l’identité. Allure totalement inoffensive. Dans mon dos le jeune homme coloré téléphone et produit ses papiers. Mais il avait posé les pieds sur un fauteuil, oh un fauteuil de gare, pas un fauteuil présidentiel, ni capiteux ni capitonné. Bonne journée concluent-ils courtoisement. Ils ont raison. Ils font leur travail de défenseur de fauteuils. Le soleil lui aussi fait son boulot jusque sur mon cahier.
Le temps glisse, doucement, de minute en minute. Mes douleurs de dos réitèrent leurs rappels discourtois.
Un couple jeune, à énormes sacs à dos battant les mollets, la jeune femme presque une gosse tenant en laisse un grand chien farouche. Routards, loubards, pèlerins ?
Tout plein d’histoires qui circulent maintenant dans la gare. La matinée et l’heure réajustée regorgent de sacs, de valises à roulettes. Des histoires copines retour du ski, des histoires ex-conjugales et à garde alternée, des histoires bancales aux regards de chiens battus, et puis des histoires d’enfants débrouillards gavés d’écran et de sons, boîtiers electro jeux et histoires extra terrestres … On rentre. On part. on s’en va. On revient. C’est Dimanche.
Le dimanche glisse de plus en plus vite derrière les vitres. Dimanche des villes et des campagnes. Dimanche parti avec le soleil et qui s’embrouillarde, se grisonne, de plus et en plus.
Dimanches des tags et des branches en fleur dans les haies …
1 commentaires:
Tu nous prends avec toi, sur la route, je me sens tout près. Je vois avec tes yeux. J'entends avec ta voix. Non, oreille...
Les quémandeurs roumaines et roms, d'après moi, sont des Pro, professionnelles qui gagnent l'argent en travaillant, de mon point de vue, pour un patron, très riche. N'essayant pas du tout faire autre chose d'ailleurs.
Je me demande, tristement, pourquoi fallait-il que ce soit les gitans roumains, oui, en français on les appelle bien des gitans, qui ont envahi l'Europe: on les trouve autant en Sicile, en Allemagne, qu'en Italie et France sur la routes, partout! Et oui, ils parlent tous aussi, roumain.
Pourtant, il y a des gitans en Hongrie (ou jouant de violon au restaurants de luxe) il y a aussi des gitans dans autre pays. Mais vous ne les trouvez pas au milieu de la route, partout! Est-ce "réservé" spécialement pour ceux venant de la Roumanie?
On y est arrivé à ce qu'on confond "roumain" avec "gitan", pourtant les roumains ne sont pas plus gitans que les français ou les hongrois! Sauf, que ce qu'on voit partout vient bien de là. Et non, il n'y a pas entre les gens demandant de l'argent aucun qui ne soit pas aussi rom! ou gitan!
Et ils ne meurent pas de faim, mais par contre il parait qu'ils obligent les autres souvent avec force de sortir dans la rue et demander l'argent!
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