Mots et couleurs

textes auto-biographiques anciens et actuels, poésie, chansons, contes et nouvelles

27 octobre 2007

IL SUFFIT DE PASSER LE PONT


Exercice d’improvisation à partir d’une photo ( une rivière, un pont, des rochers sur la rivière …) à l’atelier Contes. But : « Visualiser »
Au retour je reprends les images qui m’étaient venues et je les accommode

Il suffit de passer le pont …

Elle s’est arrêtée au milieu du pont. Au beau milieu. Elle a mis pied à terre, a calé son vélo sur le rebord du parapet. A éclaté de rire. Eclat ! elle vient de faire un sacré éclat. Elle les voit encore quand elle est sortie dans la rue, a enfourché sa bécane.
Vérifie par un coup d’œil en dessous si le milieu est bien là. Pile poil ! en dessus et en dessous. Sur le plat de la route et au sommet de l’ogive en pierre. Pas besoin de mesurer. Pas besoin de s’efforcer. Elle y est ! Au beau milieu.
Elle les revoit tous, les grands et les petits, les grosses et les maigres. Tous les ratatinés et les frileux du quartier, rassemblés pour la regarder partir. Effrayés. Elle leur a, pour une fois, la dernière, flanqué la pétoche. Est-ce que c’est contagieux ? pensent-ils. Après elle qui d’autre ? et ils se regardent. Qu’elle manque à l’appel du petit matin ! bon ! ils s’en remettront. Ils consulteront le docteur, le kiné, le psy et le maire mais deux ? comment oseront-ils sans deux au bataillon affronter l’aube ?

Voilà donc : c’est fait. Elle a quitté. Elle a pris la direction de la rivière. Elle a entendu avant même ses oreilles le glou glou de l’eau qui coule sous les ponts. Et pour ce rendez-vous elle a mis sa plus belle, sa plus neuve et sa plus ancienne, sa plus éclatante robe. Rouge et blanche comme les baisers et comme les noces. La valise sur le porte-bagages glisse un peu. Elle la remonte, tire sur le tendeur, pas trop, il est usé. Et puis nouvel éclat de rire. Qu’est ce qu’elle en a à foutre de cette valoche ? des papiers, des cartes bleues ou grises, des culottes et un soutien-gorge, un nom d’emprunt … Pourquoi se charger ?
Mais elle ne va pas encombrer la rivière d’une valise. La belle eau claire qui coule tranquille et impétueuse, jeune et immortelle. La valise, elle la déposera à la gare. Et le vélo ? oh le vélo elle le garde ! ça peut toujours servir, un vieux vélo qui pédale à ton rythme, à ton commandement.

En attendant elle a le temps. Pour la première fois le temps est à sa botte. Le temps patiente.
Elle rit encore pour s’écouter rire. Elle sait encore. Elle n’a rien perdu. La robe rouge et blanche s’effondre sur le rocher, la baignoire sous le pont recueille l’ondine ondoyante dans ses plis d’eau pure. Elle nage, elle flotte, elle regarde le ciel du tablier du pont. Elle est bien.

Le soleil la sèche. La robe la réintègre dans sa beauté comme une vive dans le courant. Elle ne risque rien d’autre que la vie vive. Elle remonte sur le pont. Elle ne va pas tourner bride. Elle repart. Elle a franchi le milieu et maintenant c’est facile, il suffit de pédaler ? Vers où, vers quoi ? elle n’ignore pas que l’autre rive a des hasards et des nids de poules. Des loups cachés derrière les arbres. Maligne comme elle est elle saura bien les éviter.

« Il suffit de passer le pont, c’est tout de suite l’aventure. »

Elle rit encore une fois, pour le fun, un peu cabotine. Elle s’aime dans le rôle drôle.

Rire, s’écrire … Et puis chanter …

4 commentaires:

Blogger marie.l a dit...

faudra-t-il franchir le pont pour arriver à la parousie ?

samedi, 27 octobre, 2007  
Anonymous Anonyme a dit...

J'aime bien la façon dont tu racontes l'histoire et qui laisse place à différentes interprétations

dimanche, 28 octobre, 2007  
Blogger Gelzy a dit...

oui, lesquelles ?

dimanche, 28 octobre, 2007  
Blogger Gelzy a dit...

parfois Marie, ce n'est pas une petite affaire mais on y arrive

dimanche, 28 octobre, 2007  

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