LES CHANSONS QUE JE FAIS 21
Si bien aujourd'hui, si calme, de la tête aux pieds !
Merci pour le partage ! A distance ça marche les ondes positives !
Une citation de Yves Montand dans un sketch que j'ai utilisé hier au soir pour "DE CHOSES ET D'AUTRES"
"Je n'ai jamais compris grand chose ...
Il n'y a jamais grand chose, ni petites choses ! Il y a autre chose !
Autre chose c'est ce qui me plaît, c'est ce que j'aime ... c'est ce que je fais"
Un texte ancien, une chanson sans partition ni paroles. Pas en conclusion ! Seulement en point d'orgue !
LE PARTAGE DES VOIX
Il y a dans l’amour, que ce soit celui des yeux, des lèvres, ou des sexes, échange intime de l’intériorité. Tu entres en moi. Je suis en toi. Vertige et délices de se déposséder et de s’absorber en l’autre. Je ne m’appartiens plus ouf ! ou plutôt mon moi s’est dissous, s’est élargi dans le reste de la création. Aimant et aimée. Aimant et aimantée. J’absorbe et je suis prise.
La réalité de l’amour qui se fait touche au divin. Choc de deux immensités qui se confondent dans la minute, l’instantané de la rencontre. Peu importe que de part et d’autre l’élan mystique vienne d’ailleurs ! D’une enfance inassouvie, d’une imagination des sens, d’un malaise de vivre qui pressent qu’il va réussir à flamber dans le feu.
Bon ! Rien que de très connu !
Peut-être !
Sur le bord du Rhône les six commères et compères mangeaient et buvaient. Le bain avait lissé leur peau et leur âme. Nageant dans le faisceau du soleil couchant, rafraîchis par l’eau du fleuve en cette journée de canicule, les yeux encore pleins de reflets, de sillages, de rives aperçues et dérobées après la promenade en bateau, ils avaient l’aptitude adolescente de vivre l’instant dans toute sa plénitude.
Donc, ils prenaient les tranches de bon pain, y posaient le jambon, le fromage, craquaient une tomate, se rinçaient au rosé, marchaient quelques pas sur la digue, proches de corps et d’esprit, d’appétit, se rapprochant ou s’esquivant selon les courants de l’air, les reflets sur le fleuve mitoyen, les fantaisies des nuages étonnamment en verve …
La bonne vie passait par là. Réelle, insoucieuse. Le retour pacifiant à la Nature, la sienne, celle de l’autre, la bonne mère Nature, était réussi. On ne se posait pas de questions !
Et c’est donc, sans se poser de questions, en accord avec le lieu, l’heure, les couleurs de ce couchant, les cinq personnes tellement présentes, qu’elle proposa un « massage vocal ». L’un d’entre eux serait le massé, les autres en l’entourant et en unissant leurs mains et leur voix chanteraient, laisseraient filer les sons, accrocheraient des résonances ensemble, sans souci de textes, de mots, d’expression révélée. Un simple chant. Sa voix à mêler aux voix sans se poser de questions.
On se déplaça un peu de l’endroit du pique-nique pour descendre de la digue sur le sentier pierreux et herbeux plus large.
Et les massages commencèrent. Quels que furent les a priori des uns ou des autres, l’ironie interne, les différences de perception, tous acceptèrent l’invite, vinrent se placer spontanément dans la cage aux sons. Chaque fois le partage des voix était différent. Emission, propagation, intensité, réception, changeaient comme la lumière, l’eau, le souffle … Mais comme le fleuve choisit son versant il y avait ligne de partage des voix évident. Sentiment « océanique » dirait Deltheil, du cadeau. Tant à donner qu’à recevoir. « ça » faisait du bien de partout. « ça» ouvrait toutes les écoutilles. « La paix de toute paix qui surpasse toute raison » (Holderlin) les unissait entre eux, les unissait au monde. Plus envie de prendre, d’avaler. Plus envie de se plaindre. Plus de place privilégiée à gagner de haute lutte puisqu’elle est offerte, disponible au moment choisi par chacun. Chacun. Tous. Centre et cercle.
Et elle eut bien son compte ! Les vibrations des voix quand elle eut pris sa place au centre vinrent chercher dans le puits du silence de son être l’eau qui ne demandait qu’à sourdre. Une voix avait à se dire, à se déployer, s’en aller, sortir. Une autre voix, nouvelle, sauvage, libre, forte à tresser des harmoniques avec ces douces voix-caresses, ces douces voix d’affection et de complicité. Non pour les faire taire ! Au contraire ! L’idée l’effleura qu’elle allait transgresser la règle, sa propre consigne, participer au chœur avec sa voix mais elle s’accorda ce droit-là.
Et quand ses yeux s’ouvrirent elle n’eut qu’amour pour ces visages qui accueillaient son retour, que tendresse à offrir des yeux et des lèvres et des bras pour le corps du groupe tout entier. Réconciliation d’elle-même avec elle-même et chacun et chacune.
Le passage à la joie était fait.
A se raconter cette soirée, à cueillir avec les mots et leur rythme cette émotion d’hier, elle se ressent à nouveau en accord, unanime, pleine et entière. Et elle retourne à Holderlin ;
« Je ne puis me reprocher cette joie, quel que soit le nom qu’on lui donne »
et elle aussi, comme le vieux fou, le poète enfant, se murmure qu’il serait doux de partir, dans un beau couchant, bercée, caressée, massée par la voix multiple et une du partage.
2 commentaires:
que c'est merveilleux, ton souvenir, ton écriture, à lire et relire encore
l’aptitude de vivre l’instant dans toute sa plénitude - oui, c'est si important, tant dans l'amour que dans n'importe quelle création
You capture so well the moment when a group of friends can look around them at the richness of their being together, just as they are, just where they are, no matter how long the moment is destined to last, no matter when another such moment may arrive in their days.
Merci!
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