LUCILE
Je vais la voir pour m’assurer de quelques mots patois. Une enquête en cours par un spécialiste grenoblois. Je la trouve dans la grange de la maison familiale qui n’a guère changée, en train de préparer le barboton pour les poules. Elle s’essuie les mains pour serrer les miennes. Et puis la bise bien sûr. « Continue ! Je ne suis pas pressée ! Et comment tu l’appelles en patois ce que tu es en train de faire ?»
- Oh ? na brasso pe le polaille ! ( une brassée pour les poules)
- Maman disait « le kapotien ! »
- Ah non ! Le kapotien c’était le ragoût de patates, « on kapotien de treuffes »
- Ah ben oui. Je comprends. Elle mettait des pommes de terres avec le son et elle l’appellait « le kapotien pour les poules ! »
La mémoire de Lucile est imbattable sur le questionnaire. Sauf pour LES NUAGES. Rien ! Tout comme les autres personnes interrogées. A croire que les nuages, on n’a pas le temps de les regarder dans ce Bas-Dauphiné laborieux d’antan. Il n’y a pas de mots pour les dire. On ne lève guère les yeux de son ouvrage. La terre est basse et les cieux trop hauts !
Arrivent les arrière-petites nièces. Deux jumelles distributrices de bisous. Lucile s’illumine. Gageons qu’il y aura pour elles, sorti du placard « du bon » ( bonbon), des biscuits, peut-être deux œufs frais du jour, aussi ressemblants que des jumelles. Et pas n’importe quels œufs ! Des œufs de poules « badières » ( qui se promènent librement dans les champs) nourries au grain et au « kapotien ». ça tient au ventre le kapotien ! de bouna treuffes avo de bon lard ! »
Quel âge a Lucile ? Aucune importance. Elle se tient droite. Elle brasse. Elle distribue. Et elle ne déteste pas rigoler un bon coup.
1 commentaires:
arrière petits!
j'ai recu une merveilleux cadeau de Sylvie, et une lettre ultra sympa, alors, je n'ai pas fait un trop mauvais impression je crois
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