Mots et couleurs

textes auto-biographiques anciens et actuels, poésie, chansons, contes et nouvelles

23 juillet 2005

NOCE AU VILLAGE

LA NOCE AU VILLAGE

Pour une belle noce, ce fut une belle noce. Une noce comme on n’en voit plus. Une noce à l’ancienne avec toute la sono à fond des modernismes actuels.
Nous y sommes allés nous aussi, à fond, à fond la caisse, à fond le cœur. On y croyait et on voulait y croire. Nous tous, les jeunes chatons et les vieux matous, les vieilles mires. Quatre générations pour la noce, sans discrimination. Depuis les bébés dans le ventre de leurs mères (grâce à l’écographie on sait déjà que ce sera des filles !) jusqu’aux grands-parents octogénaires.
Dire qu’on n’en fait plus ou qu’on n’en fera plus de noce comme celle-ci c’est un peu exagéré je vous l’accorde ! Mais comprenez-moi : je faisais partie de la noce. J’ai accepté l’invitation aussitôt. J’ai retourné le petit carton chat-leureusement. Oui ! Les futurs mariés s’étaient placés sous le signe du chat perché ou chat niché. Ils adorent les chats, ils en ont deux, ils en sont gagas. Ils savent tout des races de chats. Ils n’en sont plus comme nous à ne s’occuper que de chats de gouttière. Non ! Il leur faut des chats de race en appartement, vaccinés, pédigree et tout et tout … canigou : des persans, des pékinois … Attendez ! je vais retrouver la liste qui servait à dénommer les tables pour qu’on s’y retrouve au repas …


miaou
Originally uploaded by gelzy.
cats


Les cornets de dragées étaient liés à deux chatons de faïence. Miaou Miaou partout. C’était mignon. Les plus ronchons d’entre nous se disaient intérieurement que c’était un peu cucu la praline, mais on leur passait aisément cette gaminerie de dernière minute à ces deux-là qui convolaient avec tant d’application. Les pauvres allaient entrer dans le clan des grands, des sérieux, des parents, on le leur a assez répété pendant toute la cérémonie ! et ils avaient bien le droit de s’amuser gentiment encore une journée dans la cour des petits rigolos.

Une belle noce ça commence lentement, avec un peu de retard. Depuis deux jours on s’y prépare. On a gonflé les ballons, on a décoré la salle de restau. Les voitures sont garnies de rubans blancs. Le photographe officiel est à pied d’oeuvre sur la Place du village. Il attend. Il a l’habitude. Toutes les belles mariées se font attendre. Elles ne veulent pas se prendre les pieds dans la traîne. Elles veulent surtout être attendues avec patience. Elles vont finir par arriver. C’est prévu. Ce serait bien étonnant qu’avec tous ces préparatifs la noce n’ait pas lieu. Elles font monter la pression de l’attente pour que le Oh ! qui sortira des poitrines quand on leur ouvrira la portière afin qu’elles descendent de carrosse soit juste à point, juste à hauteur de l’admiration et du bonheur d’être là pour admirer.


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Originally uploaded by gelzy.



Une belle noce ce n’est pas un jeu et si j’ai l’air d’en parler en plaisantant je vous assure que j’y suis allée de bon cœur, que j’y suis restée de bon cœur et que j’en écris de bon cœur. Une belle noce ça vous rajeunit, ça vous fait du bien partout : aux souvenirs, à l’espérance, aux yeux et à l’âme. Une belle- noce- comme- Autrefois a souvent des conséquences en chaîne : des rapprochements familiaux, des amitiés naissantes de familles à familles, voire de nouveaux mariages ou concubinages. Une belle noce c’est comme un jardin, ça n’en finit plus de marcotter ou de repiquer. Pour moi je sens bien que cette noce n’a pas fini de me travailler au corps. Et comme chez moi le corps, vous l’avez deviné, se nourrit de mots d’écriture je vous renverrai au poème de conclusion qui a éclos pas plus tard qu’hier, 20 juillet, soit quatre jours après la noce. J’y ai passé quasiment la journée sur le poème ! car s’il était venu très spontanément en arrosant le jardin, il m’a fallu plusieurs heures de mise en valeur picturale. Jugez-en :
1 J’écris le poème en papier avec un crayon à papier sur du papier bible. Hop ! c’est fait sans ratures, sans remords
2
Je retrouve ce rouleau de papier de Chine et ce gros pinceau chinois. Je les marie avec des encres de couleurs, je l’allonge sur la grande table sous le hangar. J’ai réservé avec des caches en papier d’Europe des espaces blancs pour l’écriture. Le soleil sèche rapidement la banderole. J’agrandis, je colle, trois mètres cinquante de support fragile, à manipuler avec précaution.
3
Je recopie le texte en beaux caractères comme le mien, je n’y change presque rien. Tout va bien. Je n’ai pas mal au dos, je n’ai pas mal aux yeux, je crois même que j’ai des ailes qui poussent comme il est dit dans le poème. Je mange avec appétit quand c’est l’heure de manger. Je continue, chemin faisant, à remplir les arrosoirs, à demander au piano les accords pour la new-song et à suivre le feuilleton des Feux de l’amour en buvant mon ersatz de café cérécof

4 Je découpe, j’utilise la guirlande « Vive les mariés » de la voiture pour suspendre le chef d’œuvre. Enfin je l’emballe. Et voilà le travail : livraison aux mariés le soir même à l’église où nous récupérons les décorations de bancs, les petits cœurs en papier … et un étui à lunettes oublié qui n’est pas le mien !
Si j’en ai à peu près fini avec mon histoire, l’autre, celle des deux seniors qui se rencontrèrent à la noce ne fera que commencer demain

1 commentaires:

Blogger Julie Kertesz - me - moi - jk a dit...

merci de l'avoir partagé avec nous, et en plus, quelle magnifique photo, dit tellement en si peu

dimanche, 24 juillet, 2005  

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