SYLVIE
photo par Julie
Je suis dans la salle d’attente des micro-kinés. Je viens à mon rendez-vous mensuel. Une femme entre. Sur notre bonne mine, notre ouverture du regard, nous entrons facilement en relation. Nous expliquant notre présence ici. Nous tombons rapidement sur ce mois de janvier si difficile à franchir pour l’une et l’autre, de là à des explications possibles. Elle est une enfant née « en remplacement » …
- Quel est votre prénom ?
- Sylvie !
Je souris et répète : S’il vit !
Par le canal d’Internet, c’est la photo de Sylvie, prise par Julie, qui a circulé et touché plusieurs internautes. Sa présence bienveillante au monde, sa vieillesse volontaire et lucide. Une photo qui attire la sympathie, le respect. J’ai à peine eu une appréhension en la publiant sans en demander permission. Je suis ravie que Sylvie soit allée réconforter par sa force de vie plusieurs d’entre vous.
C’est d’ailleurs pour le même effet que je lui rends aussi souvent que possible visite, la dernière au premier de L’an, comme à chaque premier de l’an. Elle m’a connu depuis ma naissance et je crois n’avoir jamais oublié de lui souhaiter la bonne année depuis le temps où j’allais chercher mes papillotes dans sa cuisine. Elle continue à me donner un paquet de biscuits ou des chocolats pour l’occasion … En été ce sera une salade, des haricots, une plante, une fleur …
Derrière le sourire de Sylvie arrière grand-mère ( elle a 95 ans) il y a, je le sais, le drame de son enfance : sa mère morte en couches d'un frère, espoir conçu après 18 au retour de son père. Elle m’en a fait récemment le récit.
Derrière le sourire de Sylvie il y a sa lutte opiniâtre pour aller bien. Elle vit chez elle, fait son dîner elle-même. Le jour où Julie l’a photographiée nous l’avions trouvée en bottes et veston en train de passer du désherbant sur le bord du chemin. Pour ne rien oublier, elle fait des mots fléchés, des sudokus, elle me consulte sur celui du jour, elle s’énerve si un mot lui fait défaut …
Sylvie fut la marraine de mon frère. L’un et l’autre ne l’oubliaient pas, ne l’ont pas oublié jusqu’à la mort de mon frère. A l’enterrement elle était derrière moi dans l’église et son baiser fougueux à l’entrée, sans un seul mot, me soutenait.
Je réalise, aujourd’hui seulement, que ma nièce, la dernière enfant de mon frère, reçut elle aussi le prénom ambigu de Sylvie. C’est une femme pugnace de même acabit.
La rencontre de Sylvie 1 cette semaine qui s’intéresse à la psycho généalogie ( elle me conseille de « m’occuper » de ma grand-mère ), le sourire encourageant de Sylvie 2 qui m’éclaire même sur le net ( je lui ai adressé copie des si nombreuses et belles réactions), l’envie de téléphoner à Sylvie 3 pour l’entendre : autant de promesses pour la journée.
5 commentaires:
Avoir une personne comme elle dans son entourage, c'est rafraichissant.
Cette histoire est belle, mais elle est aussi réelle et je pense comme Solange qu'avoir une personne comme ça doit être apaisant.
Bon dimanche
Viviane
émouvante histoire de vies!
j'avais un cousine qui n'avait jamais pu avoir d'enfant! Lorsque sa fille est née, elle l'a baptisée Sylvie alors que son nom de famille est Nègre, ce qui fait, tu en conviendras une association pas très jolie
Sylvie Nègre!
Mais ils ont tenu bon sans se rendre compte sans doute de ce que ce Sylvie signifiait dans leur inconscient!
bises
Je te remerçie, Gelzy , pour cette belle histoire.je suis content que tu ai écrit quelque chose sur ma "mémé Sylvie".
olivier
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