Mots et couleurs

textes auto-biographiques anciens et actuels, poésie, chansons, contes et nouvelles

13 février 2007

MIEUX SERAIT PLUS MAL


« ça va, vous êtes content ? demande-t-on à la fin d’un repas, d’une fête. –Mieux serait plus mal » répond l’interpellé. Souvent ainsi, le langage populaire étonne par sa profondeur. Ce qu’il exprime là, c’est la fine perception qu’il y a des limites à ne pas dépasser sous peine de tomber dans l’inverse de ce que l’on cherche, le contentement, pour ne pas dire le bonheur. L’excès de tout, d’amis, de nourriture, de place, de voyages, transforme les êtres en nomade de l’excès, en boulimiques de plaisirs vite éventés, en blasés, en gavés de la vie »

« Luxueuse austérité »

Heureux hasard ce matin alors que je venais de convoquer un mot de ma mère sur mon cahier dévolu à la récolte (jamais finie, toujours recommencée) qui me fait reprendre le livre de Marie Rouanet à cette page.
Le mot du matin était « dégambouiller » Il m’a donné du mal, il faudra que je me renseigne auprès de ma sœur pour compléter ma documentation …
Et donc, « Miâ gâtaré » ! C’est la traduction patoise et maternelle de « Mieux serait plus mal » ; c’est cette sagesse populaire non de renoncement, mais d’équilibre nécessaire. Maman l’utilisait souvent. Elle qui, pratiquement clouée à sa chaise longue ou son fauteuil, avait encore la force d’admirer … les fleurs, les enfants, le bon goût d’une purée de pommes de terre. J’entends sa voix appuyer sa conviction sur les lourdes syllabes. MYAA GAOTAORè. Ces A-O patois ont donné à notre accent, même aujourd’hui que l’on ne parle plus le patois, sa solidité paysanne. Non la ferveur, l’extase : la tranquillité d’âme ! Ne demandons pas plus ! Tout est là !
La neige a quelques millimètres ! Il en faudrait davantage pour glisser sur les pentes ? Mya gataré ! Prenons la petite promenade à pied, sans raquettes, sans skis, légère à nos jambes …
Ces vacances scolaires sont vides de petits enfants ! Ils ne pensent pas à nous, ils nous ont définitivement oubliés ? Mya gâtaré ! Goûte ma belle aux plaisirs de l’amitié toute proche, à la présence de Marion, Marion écriture, Marion lecture qui vient de basculer le tapuscrit de son dernier livre sur ton ordinateur avant même l’édition !
Et voici le soleil qui se profile lui aussi dans la sagesse du matin. Un petit soleil frileux encore mais dévoué ! MYA GATARE !

Comme un p'tit papillon mon âme, comme un p'tit papillon posé pour toi, au sol, ta journée.

1 commentaires:

Blogger marie.l a dit...

tout à fait d'accord avec le principe ! mais cela fait partie de mon éducation et de ma génération j'imagine, les plus jeunes pensent-ils comme cela ?

mardi, 13 février, 2007  

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