Mots et couleurs

textes auto-biographiques anciens et actuels, poésie, chansons, contes et nouvelles

27 juin 2006

BABOUCHKA

C’est une babouchka comblée qui part ce soir pour un nouveau tour du gabian et de l’hirondelle.
Deux belles filles arrivent à ma cour. Toutes seules en voiture. Pour la première fois. Sarah a son permis. Sarah a réussi sa première année de médecine.
Elles ont changé. Elles sont les mêmes. Mes petites. Des spécimens magnifiques de femmes volontaires et resplendissantes.
Je leur montre quelques photos du voyage. J’ai déjà expédié par la poste le cadeau. J’espère qu’il arrivera bien. Dans chaque jeune fille russe ravissante je les voyais.
Et je me voyais peut-être aussi dans chaque grand-mère qui tentait de prolonger la vie active et responsable du mieux de ses doigts gourds.
Le souvenir le plus pénible est celui d’une femme proposant des châles à un coin de rue. Le temps que je lui parle mes compagnons avaient filé et je n’ai pu conclure l’affaire. Trois cents roubles. C’était peu pour moi (2O euros). J’ai acheté 60 roubles une paire de chaussons tricotés pendant une pause.
J’ai écrit le texte dans le car, mélangeant les impressions et la valeur des roubles et des euros …

Elle pose au bord de la route
dans un seau bleu des pommes de terre
Au coin de la rue elle tend entre ses mains
un châle noir, un châle blanc
Elle a tricoté des chaussons et des gants
Et pour orner les œufs
un chapeau cocorico rigolo
qui chante en couleurs semaine et dimanche
Elle a cuit les pains, ramassé le muguet
proposé des cartes postales
Elle écrit en tremblant un chiffre sur le carnet
(en roubles bien sûr elle ne connaît pas les euros)
Elle est petite vieille et elle est Grande Dame
Et pour finir quand le chemin s’arrêtera
elle plantera un bouleau de plus
dans la forêt
avec ses larmes.

2 commentaires:

Blogger Julie Kertesz - me - moi - jk a dit...

que de souvenirs à emporter en toi, même si tu n'as pas pu acheter de cette femme-là

tu vas nous nourir encore longtemps à notre bonheur de ses "petits" souvenirs qui comptent tant, tableaux qui ensemble tissent une tapisserie plus vrai que les églises ou la rivière et même, les concerts

mardi, 27 juin, 2006  
Anonymous Anonyme a dit...

Juste un coucou sans vouloir te déranger. Serait-on fâchés ? Je ne te vois plus depuis quelque temps. Bizarre, (je dis que je trouve ta retraite bizarre). Je me console pourtant, sachant que tu sais que je suis là... avant de repartir.

jeudi, 29 juin, 2006  

Enregistrer un commentaire

Abonnement Publier les commentaires [Atom]

<< Accueil