Mots et couleurs

textes auto-biographiques anciens et actuels, poésie, chansons, contes et nouvelles

06 janvier 2006

REEL 6



GRAPILLER c’est picorer, prendre un grain, le rouler dans sa main, hop ! le gober, le rouler dans son palais, le faire juter sur la langue, en extraire l’été, le mûrissement de l’été.
Et donc c’est ce que je viens de faire avec les yeux, les voeux et la belle grappe que m’envoie Elizabeth. N’est-ce pas des « coups d’air » je lui demande en retour ? Je me souviens de cette variété avec des grains d’inégale grosseur, parfois verdissants. Ce n’était qu’un raisin à jus, guère savoureux mais beau d’abondance et de disposition longiligne. J’attends sa réponse. Ça me ferait plaisir que ma mémoire ne se trompe pas.
Elizabeth a mis au point une science très subtile du grappillage. De son enfance, de sa vie d’agricultrice maintenant en retraite, elle cueille, elle découpe, elle fait macérer, elle récupère, transforme, encadre. A l’exemple de son père, mais à sa façon, elle peint, elle grave. Cette année c’est à partir de feuilles de toutes sortes qu’elle a constitué une exposition de tableaux et d’objets : livres, lampes, boîtes... Je n’ai pas réussi à me séparer de tout ce que j’ai rapporté de l’exposition avec l’intention de l’offrir pour étrennes. Les livres blancs refermés sur leur patine de feuilles transformées par l’art semblent si prometteurs de phrases immortelles. Les boîtes à mots si accueillantes aux découvertes …
Et de les sentir à mes côtés pour, mine de rien, grappiller la journée dans la détente et l’efficacité, suffit à me la faire démarrer en blog et dans le soleil.

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