Mots et couleurs

textes auto-biographiques anciens et actuels, poésie, chansons, contes et nouvelles

07 décembre 2005

MOTS BOURFLEURS

BOURFLER, CABASSER et autres joyeusetés

N’allons pas croire que notre époque est la seule à se distraire par la violence. Jetons un coup d’œil aux textes historiques !
Le 29 Juillet 1710 à Grenoble : le sieur Jeoffray s’ « en fut souper chez le sieur Clayet avec les sieurs Joly, Michal, Roly, Domingeon, l’abé Joly et autres et après avoir soupé ils furent boire de la liqueur a la Grenette et se retirant par la Grande Rue fut assassiné par une troupe de satellites ( !) cachés dans les allées et aux coins des rues avec des espééz, des caillous et de gros bastons … » Il « fut tellement meurtri qu’il en resta sur place et il est certain qu’il aurait été achevé si … » Bref ! La racaille fut dérangée et un laquais du seigneur président DU BOUCHAGE ramassa sur la chaussée les bâtons cassés. D’où la requête du dit « assassiné » auprès d’un juge pour obtenir réparation.
« U se sont bourflo. Na tropo de charopes, qu’ayant bien de vourientise, le ont cabassié avo de rieutes. Monchu Cleyet eu sa vesta tota deguirir, eu l’en desempilli, tiregouilla dien to lo senses, marpaillia. U en rechia na bouna cabassia » C’est ce qu’on peut imaginer du récit entendu au Bouchage. Traduction : Ils se sont battus. Une troupe de canailles, pleins de méchanceté, les ont tapés( « sur la tête » CAP en occitan) avec des bâtons. Mr C a eu sa veste toute déchirée, ils l’ont tiré dans tous les sens, meurtri … Il a une reçu une bonne dégelée !
Car les chansons qui nous restent évoquent l’humeur belliqueuse de nos ancêtres qui, on le sait, sont « des magnauds teribles qu’on doble nerfs et que fon to tremblo » Surtout quand ils ont un canon dans le nez !
« é ni aré su toble que na fiole (et il n’y aurait sur table qu’une bouteille)
don co de poing n’en fotron vingt pe bas » (d’un coup de poing en mettrait vingt par terre)
Ne pouso pas la nia de cela sourte ( ne poussez pas de la sorte la compagnie)
Lo co de poing ne cutent po grand liords( les coups de poing ne leur coûte pas cher)
E vo poré vita prindre la pourte (et vous pourriez vite prendre la porte)
Si pe malu vo lo ayant piato … » (si par malheur vous leur aviez marché sur les pieds)
Dans la chanson sur le divorce la payse qui veut se débarrasser de son encombrant mari lui demande « Cesso de me bourflo ! »
On peut douter de la vérité des chansons mais quand on revient à un autre texte officiel que peut-on lire ?
« A l’issue de la messe paroissiale d’Aouste, aux portes des églises d’Aouste et de Chimilin, le dimanche 2 Août 1789 se rassemblent au nombre de plus de cens cinquante les habitants de tous les ordres de la communauté pour délibérer sur les affaires présentes » à savoir « plusieurs bandes de brigands se transportent dans les villages et y mettent tout à feu et à sang /… / et plusieurs citoyens ont été victimes de ces misérables qu’il est absolument nécessaire de s’opposer de tout son pouvoir a leurs incursions »
Voilà c’est ce dont je voulais vous faire part au cas où vous croiriez que les gnons, les volées de bois vert, les pignées, ne seraient que l’apanage de notre triste époque !

.

2 commentaires:

Blogger Julie Kertesz - me - moi - jk a dit...

et on dit encore que je n'écris pas le "bon français!"

mercredi, 07 décembre, 2005  
Anonymous Anonyme a dit...

et les photos????

jeudi, 08 décembre, 2005  

Enregistrer un commentaire

Abonnement Publier les commentaires [Atom]

<< Accueil