Mots et couleurs

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01 février 2012

le pou de Turlendu 3-


On a beau dire, Mesdames et Messieurs, que la nuit porte conseil, je n’en suis pas si sûre !
A quoi ça peut bien servir - à qui ?- que je la raconte jusqu’au bout cette histoire ? Le pou est mort, la poule idem, le cochon de même, la vache semblablement, Turlendu pour finir …
De toute façon avec votre Internet vous vous l’êtes déjà transmise dans la nuit. Vos e mails qui font du 100 à l’heure et même davantage, l’ont dispersée aux quatre coins du monde. Avertis de tout, vous l’aviez deviné la suite avant même la fin.

La fille, mes pauvres petits, la malheureuse fille, a bien vieilli. Des fois sa mémoire se sauve comme le loup qui a mangé le nez de ce pauvre garçon. Le nez d’abord, la raison dans la foulée … et, en fin du compte, qui l’a emmené au cimetière.
On a beau dire, personne ne peut rien contre le temps qui passe, pas plus que contre les démons de la vourientise, de la bêtise, de l’accaparation …

Mais ça fait rien je voudrais quand même conclure.

DEUXIEMEMENT : D’un côté :j’avais raison de vous faire peur de l’avenir. Ne croyez pas mes enfants qu’on peut IMPUNEMENT troquer une poule contre un cochon, un cochon contre une vache, une vache contre une fille, en se croyant le plus fort, en se montant le bourrichon jusqu’à penser que des coups de chance pareils ça ne s’arrêtera jamais.
Ne croyez surtout pas qu’avec de la colère, de l’intimidation, on peut faire trembler les braves gens jusqu’à ce qu’ils vous donnent leur chemise, jusqu’à ce qu’ils s’arrachent le pain de la bouche pour vous.
Turlendu aurait dû le comprendre à temps. Mais il était lancé. La préfecture avec la progression des exemplaires : 20 pour la poule, 30 pour le goret, 40 pour la vache … lui avait tourné la tête. Il n’avait plus de bon sens. Et le préfet lui-même qui voulait profiter de ce grand dadais pour montrer la montée du sens des affaires sur le plateau, la loi du marché triomphante jusque dans les campagnes profondes, hein le préfet ! il aurait bien pu réfléchir un peu tout seul sans les communications de ses communicants en communication. Sans la télé, sans la presse régionale et internationale, la floppée des images, le tintamarre des sons, le préfet, dites-moi un peu, il aurait pas pu faire attention et se la fermer à temps sa grande … bouche ?

Mais, d’un autre côté je n’ai pas été plus maline que le préfet, je n’en suis pas plus fière que ça d’avoir survécu à l’histoire même quand elle a mal tourné.
Et c’est pour ça que je dors plus la nuit.
J’imagine … je pense … je peux pas me faire une raison.
Si au lieu de me laisser enfermée dans le sac pendant que Turlendu allait déclarer sa vache, de me laisser conduire chez le philosophe, le soi disant philosophe, pour me faire garder, je m’étais débattue, j’avais flanqué des bons coups de poing, j’avais - pourquoi pas ?- usé de mes charmes, parlé tant et plus qu’il serait resté KO sur le carreau, mon gros couillon de Turlendu … à l’heure qu’il est, nous aurions une nia de petits enfants pour nous distraire à la Noël.

Mais j’ai rien fait. J’ai laissé le soi disant Philosophe enfermer le loup à ma place. Je suis rentrée chez mon père, bien contente du tour qui se préparait. J’ai même informé Tuène, la Maria, le Glaude, le maire, le curé, Mr Eyraud notre instituteur, tous, pour qu’ils soyent aux premières loges. Tous ! on a attendu le résultat en ricanant. Tous ! on s’est pas demandé par exemple pourquoi, déjà à l’école, Turlendu n’était bien qu’avec son pou.

Bon ! voilà le jour qui vient. Il faut que j’aille traire mes belines. Je m’en vais boire le café.
J’ai déjà dit mes prières pour ce pauvre Turlendu.
Pardonnez-moi si j’ai été un peu longue. Ça m’a fait du bien de parler.
Faites bien attention mes petits. Tous les jours que Dieu fait, faites bien attention !

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