LE FLEUVE MENTAL
Le fleuve mental
« il court, imprévisible, sans arrêt possible, depuis qu’il naquit dans mon cerveau, à un moment indiscernable ? il charrie images sans aucuns liens, souvenirs sans connexions, passant par toutes les nuances de l’humeur en un clin d’œil » Des carnets amoureux précités.
Marcel Mathiot a écrit du 1er janvier 1927 ( il a 16 ans) au 24 avril 2004 jour de sa mort. L’édition d’une promenade dans ses carnets ( Philippe Rey edt-) est un régal.
Ce fleuve mental comme je le ressens étrangement selon les moments ! C’est mon Rhône natal, inquiétant, tourbillonnant, qui vient me visiter en crue jusqu’à la maison même quand je ne l’ai pas convoqué. Lié à moi indissolublement, parfois je voudrais m’en éloigner. Et cependant je retourne y barboter à la moindre occasion, un souvenir qui passe, une photo, un mot lu quelque part. J’ai encore envie de me raconter ma vie, ses moments forts, doux, réinventés sans doute … J’ai encore envie d’observer ces liens étranges entre parents, enfants, amours … qui participent du mental et de la chair, de tenter encore de les comprendre …
Mais c’est aussi, et cela ne cesse de m’étonner, voire me passionner, une Orénoque inconnue qui me tire à elle. Quand j’écris je fais partie du fleuve. Et le fleuve coule dans mes veines autant que dans mes neurones. Quand je rêve je suis tellement mêlée aux sensations, aux pensées du rêve qu’elles me laissent des traces pour guider la journée. Qu’est-ce qu’un cerveau ? quel mystère ! parviendra-t-on un jour à en comprendre toutes les connexions ?
J’aimerais arrêter le flot, la petite eau qui coule doucement … retrouver la béatitude silencieuse du bébé au berceau. J’ai quelques recettes qui y parviennent parfois.
Les blogs sont un moyen étonnant d’aller se baigner dans le fleuve mental des autres. J’y vais avec précaution, parcimonie … Je crains toujours qu’à m’éloigner de mon fleuve je perde ce contact parfois trop lourd, souvent vital avec la source.
4 commentaires:
Mes racines sont assez profondes que je n'ai aucune crainte de m'en éloigner.
étonnante circulation..
j'en parlais à midi de cet étonnant retour aux sources, à travers les rêves surtout pour moi,aux profondeurs de nos angoisses aussi..
merci aussi pour ce petit quatrain sur mon blog
tu sais, je me suis longtemps ce que signifiait le mot racines. L'Occitan par exemple, je l'ai juste entendu lorsque j'étais petite et que j'allais en vacances chez ma grand mère et pendant très longtemps j'ai cru que je l'avais oublié. Et puis, nous avons acheté cette maison, va savoir comment et par quel hasard, juste à côté de la maison de ma grand-mère et là, j'ai soudain compris ce que ça voulait dire les racines parce que le mots reviennent , ils s'étaient endormi comme les graines que vendaient ma grand-mère et puis ils se sont enracinés en silence et maintenant ils "tustent " à la porte! 9a fait tu le dis si bien comme un grand fleuve et le fait d'aller trop souvent à la rencontre des autres fleuves peut parfois donner l'impression de perdre la source!
Je t'ai envoyé un mail à l'adresse que tu m'as donnée sinon, j'ai répondu aussi sur le blog.
bises
J'ai relu plusieurs fois ton texte..Je ne me sens reliée,pour ma part, à aucun fleuve ni à aucun lieu et je le regrette profondément..Il me semble qu'on peut se ressourcer aussi dans le fleuve mental des autres , que cela peut nous aider à retrouver le sien..en fait ,c'est peut-être ce que je cherche
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