LE DIT DES GRENOUILLES 1-
Le dit des grenouilles
Le dit des grenouilles traversait la nuit. Tout du long, devant, derrière, partout on n’entendait que lui
Di di di di
Imperturbable
Du moins c’est ainsi qu’elle le découvrait, une fois de plus, depuis qu’elle s’était assise en bordure de la mare
Di di di di
Notes uniformes, rapprochées, notes inlassables qui traçaient leur portée devant elle, autour, jusqu’à l’intérieur de son habitacle intime
Di di di di di
La mare, le creux comme chacun disait, était identique à son enfance creusée, retrouvée à chaque rebond, gardée ouverte sur le ciel
A chaque hameau correspondait une gravière. Dans le temps on y extrayait le gravier. Il y avait peu à s’enfoncer sous terre. Ancien lit du Rhône le gravier tenait les nappes phréatiques. On trouverait de quoi consolider la maison de pisé, de quoi abreuver le puits
L’été par la fenêtre ouverte de sa chambre en direction de La Gravelle - c’était tout bonnement le nom immémorial du creux, comme celui du paquet de maisons proches - elle écoutait déjà le chant des grenouilles
L’hiver, elle venait le cueillir de plus près.
C’était une nuit de décembre proche de Noël.
Di di di di di
Elle aimait enfoncer ses pas imaginaires dans cette matière sonore rassurante
Les grillons, les grenouilles
L’été, l’hiver
Ce soir de lune claire elle ressentait un mystérieux accord entre cette complainte et le profond lit de son enfance rêveuse
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