LA PELAGIE ET LES VIEILLES CHOSES
La Pélagie est de retour ;
- Dis donc !
(Je sursaute. J’aime bien quand elle revient chez elle mais aujourd’hui … vraiment … ce n’est peut-être pas le jour … )
- Oui ? ( je ne l’écoute que d’une oreille. Il fait beau. Le soleil m’appelle …)
- Dis donc ! Ces vieilles choses que tu disais que tu allais t’en occuper ? Et alors !
- Oui ! Promis ! Tout à l’heure, demain ….( si je lui assène le « Je n’ai pas le temps » sur la tête est-ce qu’elle va rentrer sous terre ?)
- Et alors ! Pourquoi pas voua, te t’heure ! le Père Durand astiquera les vieilles choses, les vernira. Te suffirait d’un bon coup de brosse à chiendent sur les benons, tu as pensé aux benons … les balles à grains et à linge, le corbillon tu sais qu’il est au fin fond du buffet. Le buffet faut t’en occuper lui aussi c’est une vieille chose … tu peux même laisser les toiles d’araignée dessus. Ça fera plus … comment tu dis ? … couleur locale …
Quand la Pélagie est partie on ne peut plus l’arrêter. J’essaye le patois pour lui clore le bec.
- Kajyète ! de né pö lô tion, voua !
Mais elle ne bronche pas, s’assied sur la pierre devant la maison, si usée la pierre qu’elle retrouve automatiquement la forme de son derrière, et me scrute. Quand elle me regarde d’un tel air j’ai intérêt à filer doux. Une fois assise elle repart en campagne
- On fait ce qu’on peut avec ce qu’on a ! Des vieilles choses tu en as ! Plus qu’il n’en faut ! Qui s’abîment ! Tu n’as plus toute la vie devant toi pour t’en occuper. Elles ne vont pas tarder à tomber en duelles. Le temps te passera sous le nez que t’auras rien vu. Arrête don de narouiller ! Tiens toi tranquille et occupe-toi d’elles, les vieilles choses. Crois-tu que je les ai laissées dans la maison pour qu’elles disparaissent au grand jamais, non mais des fois !
Je ne l’écoutais plus. Je l’ai abandonnée sur le pas de la porte. J’ai sorti les vieilles chose de l’ombre de la souillarde, du récanton … Je me suis barbouillée de couleur locale et quand ma sœur est arrivée je lui ai fait cadeau de quelques toiles en l’embrassant …
Julie a de bonnes suggestions quant à l’art de photographier les vieilles choses. Projecteurs ( ils sont encore en place) mur blanc ( celui-ci près de la cheminée devrait faire l’affaire). Pourtant c’est le soleil qui continue d’appeler. Pas si lourdes que ça à charrier dans la cour les vieilles choses. A écouter. A conter. Voire à chanter.
Chanson 1 : les vieilles choses au soleil
Chanson 2 : les œufs dans le corbillon
Etc …
- Tu sais Pélagie … Je travaille pour toi. C’est parti ! Pas plus tard que ce tantôt je vais aider à décorer le char pour le Comice Agricole de Dimanche. Je t’invite, Viens ! 1900 : un dimanche à la campagne, ça t’inspire ? Tu en as connu plus d’un. Si tu y allais à ma place tu serais bien à la tienne. N’oublie pas ton devantier, ton panier de jarboui. Mets tes bottines ! Prends ton temps comme tu l’as déjà pris si souvent, à pleines pognes, à pleine pôche …
( préparer aussi un dictionnaire pour les non-initiés. pognes : les mains ; pôche : la louche) En attendant qu’ils se débrouillent pour deviner ! Ce n’est pas difficile. Le Père Duarand : le soleil bien entendu.
Ex « kajyévodon ! = taisez-vous donc !)
… M’a laissé sur le seuil, juste avant de me lâcher les baskets, ses bottines et ses sandalettes ( photos suivront comme preuves tangibles)
2 commentaires:
excellente couleur locale, ah que j'aime... et les photos, ben je reviendrai les voir.
on peut déjà voir quelques "vieilles choses" sur mon blog, les premières 28 images que j'ai mise sur ma site ensemble - dix dans la côté et 28 avec un clic en plus grand.
Entre elles, au soleil, la chaise prie dieu et la besace et Gelzy en train de peindre des fleurs le matin, et un coin de cheminée avec les vieille objets...
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