Autom'halles
ce dimanche écriture sur une proposition. les Autom'halles à Sète mêlaient la littérature à l'Italie
La petite
mémé Reposo
" Avec
le début du jour nouveau la vie se mit à animer les jeunes pins et les sveltes
silhouettes du cyprès. La colline dominait le paysage, un décor sauvage qui,
sur une distance de deux kilomètres, descendait vers la mer immobile en cette
aube estivale."
J’étais
donc là, bien là, comme je l’avais voulu, inscrite sur la carte d’identité dans
ma poche, assise sur un vieux tronc contemplant le paysage. Svelte et enracinée
comme les pins, immobile et changeante comme la mer, à l’aube de ma vie et son
accomplissement. J’attendais Sophia. Sophia Loren. Elle viendrait dans sa
splendeur de chevelure, l’opulence
de poitrine, la longueur des jambes, le rire vainqueur.
Elle arriverait sans mirages, sans effets cinématographiques, nue, réelle,
tangible.
Mais alors que je cherchais son apparition sur la colline, sur l’eau, sur le vert
espérance de l’Italie toute entière offerte en cette aube d’été à travers les
cyprès, c’est la petite mémé Reposo qui remonta à la surface des choses. Elle,
dont je ne me souvenais plus du prénom mais dont j’entendais clairement le rire
argenté, gamin, inépuisable. Elle, la petite souris dévouée qui trottinait de
la cave à la cuisine, disposait
les assiettes, laissait à Tonio le soin de verser le chianti, déposait le plat
de spaghettis débordant sur la table et attendait debout derrière son homme que
nous soyons rassasiés.
Elle de la dolce vita véritable. Douceur et force,
dévouement et gratitude. À l’aube de ma vie, vers mes douze ans, elle m’avait
communiqué l’audace de vieillir, la joie d’être reconnue comme femme, la paix
des braves et la fierté des humbles.
Elle m’enveloppa
de la longue nappe crochetée de ses mains que j'ai toujours à la maison. Enfin je pus lui dire Merci,
à la façon qu’elle aimait et nous nous sommes mis à chanter de notre commune langue patoise
abolissant la frontière :
« on zo on piti piémonto
grivolave à ma pourta …
2 commentaires:
Une jolie histoire,on imagine bien le décor.
Le patois (?) qui rassemble, c'est très beau ! La musique aussi fait sauter les frontières, dit-on.
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