UN REPRESENTANT
à l'atelier d'écriture
Un représentant se présenta à la porte de la nuit et m'en demanda l'ouverture. "Que représentez-vous lui demandai-je ? » intriguée qu'à une heure si inaccoutumée la société générale m'envoie un de ses représentants. "Rien que moi-même", me répondit-il humblement. Touchée par cette modestie peu coutumière à l'époque, j'acceptai qu'il entrât. J'examinais sa collection. Vieux souvenirs ( y a-t-il des souvenirs qui soient jeunes ?) vieux formulaires ( toujours les mêmes renseignements : date de naissance, couleur des yeux, taille ...) mais enfin il était là, vivant, à cette heure si solitaire et je n'allais pas faire la fine bouche. Et puis il me regardait, sans peur et sans reproches, honnêtement, comme un bon représentant de commerce qui ne demande qu'à faire son métier. Je lui proposai le café ( puisque ni l'un ni l'autre n'avions sommeil). Il me dit qu'il préférait une petite cerise à l'eau de vie et je dus bien avouer que je ne savais pas s'il m'en restait des années passées. Je tentais de lui expliquer mon désintérêt pour les cerises à l'eau de vie et la difficulté de se procurer de la gnole. Celle qu'a laissée mon père est toute consommée maintenant, le privilège de bouilleur de cru n'est pas héréditaire. "Bah ! Tant pis ! dit-il en souriant, je vais le noter." " Ah bon ! " Je m'aperçus qu'il cherchait son carnet de contravention. Je me sentis agacée et j'allais le flanquer à la porte quand le jour se leva. Ce n'était qu'un représentant de l'avenir. Et il resta.
1 commentaires:
Un tout mignon-joli rêve à peine dérangé par un carnet sorti...
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