Mots et couleurs

textes auto-biographiques anciens et actuels, poésie, chansons, contes et nouvelles

27 mars 2006

A LA REVOYURE

Je pars cette semaine vers les vieux pays du Nord. Sans doute en ramènerai-je quelques beffrois, quelques bêtises ...
A la semaine prochaine !

26 mars 2006

VIEUX PAYS


VIEUX PAYS
Vidéo envoyée par gelzy
Sur un poeme de Henri Pourrat exprait de l'avant propos de Gaspard des montagnes, quelques images du Dauphiné (France)

PEAU AIME


Encore une suggestion de l’atelier d’écriture Le mot inducteur est cette fois « Poème », la règle d’immédiateté de réaction est toujours la même et voilà ce qui est venu dans l’instant.

Peau aime ! J'ai trouvé délicieux le jeu de mots dans une chanson de Philippe Forcioli ! C'est par ses chansons que je l'ai connu d'abord, lui m'a connu par mes poèmes. Les unes et les autres avaient circulé entre des mains amies pour arriver jusqu'à notre rencontre. Et ce fut tout un poème, de se reconnaître amoureux des mêmes réalités, des mêmes rêves. Oui ma peau aime la douceur des mots qui chantent, qui s'ajustent à moi et s'enroulent aux autres. Par Philippe je suis revenue à René Guy Cadou, à Joseph Deltheil... J'étais capable de faire des kms pour l'entendre, me réjouissant de ses chantiers nouveaux. Un jour ... Je me promenais avec ma fille à travers ma campagne natale, nous traversions un champ de peupliers et je lui ai parlé de la ferveur de Philippe. Je revois parfaitement l'endroit. J'ai ajouté " C'est un vrai poète !" Naïvement je pensais authentifier mon engagement en poésie par cette référence qui lui était inconnue, justifier les ruptures nécessaires pour aller à la rencontre de "la" voix qui me parlait différemment, me parlait à n'importe quelle heure du jour et de la nuit, me parlait en rythme, faisait surgir des images et des arrangements d'images, me bousculait en me propulsant ailleurs ... Il s'agissait bien de grain de peau, de subtilité de caresse. Une de mes premières chansons rendue publique dit :
"je ne suis rien que le poème
et c'est déjà beau s'il m'emmène,
plus loin que je n'étais allée ...
plus loin que je n'étais allée."
J'y suis. J'y reste.

25 mars 2006

GASPARD DES MONTAGNES


ECHO-BLOG

Pas un jour en ce moment qui ne m’apporte un écho par blog interposé. Et, tout en essayant de ne pas m’emballer - ce n’est après tout qu’une machinerie bien huilée - je réagis avec bonheur à ces coïncidences, à ces rencontres.
Hier je reçois un commentaire que j’ai d’abord du mal à situer. L’auteur, un certain Bruno le Lorrain, m’invite à rejoindre sur son blog Henri Pourrat et son « Gaspard des Montagnes » Comment sait-il que j’apprécie Henri Pourrat depuis longtemps ? En ce moment-même nous sommes allés chercher dans ses contes de quoi alimenter notre spectacle chansons et histoires à l’orgue de Barbarie, Pierre et moi. Cette semaine nous avons répété devant les premiers amis-témoins et, ça y est ! Lo gabian et l’hirondelle, sont prêts à s’envoler en Avril pour cette aventure. Déjà trois propositions !
C’est par un écho du 19 novembre 2005 que Bruno le Lorrain ( le nom choisi semble un personnage de Pourrat) avait connu mon achat à Sète de « Gaspard » chez le bouquiniste mais je l’avais oublié depuis ce Gaspard. Complètement oublié. Quel plaisir d’aller le dénicher, d’être attentive à l’édition, d’en commencer la lecture. Je savoure le prologue à haute voix pour Pierre que je convie immédiatement à ce plaisir de la belle langue qui roule, déboule, charrie et scande, et chante …
« La vieille Marie contait et contait … »
http://bruno-gantner.club-blog.fr Au coeur de la forêt
Le blog de Bruno se présente comme une relecture fervente qui brode au point de croix entre informations, émotions, citations. Allez voir Gaspard et Bruno cheminant côte à côte ! Nous avons déjà pris leur trace. Rendez-vous à la prochaine auberge ou au prochain moulin (à paroles)! J’ai très envie de vous le relire ce prologue. A voix haute !
« Ah, que j’ai de la chance d’avoir une femme qui a tant de caquet. Je peux me faire meunier, à présent, le trac du moulin ne m’assourdira pas » pourrait dire Pierre (in Le Conte de la Parole Perdue)
« le caquet », « le trac du moulin » … rien que pour ces deux mots du matin ça valait la peine de se lever, n’est-ce pas !

24 mars 2006

LA SOURCE


C’était hier au soir sur le plateau du Vercors le retour aux sources de chacun. Sources de chant, de conte, d’échange …
Pour moi un double plaisir ( et triple et quadruple …)
- Retrouver une chanson d’une vingtaine d’années en arrière, la chanter accompagnée en souplesse par Nadine, la lancer pour la première fois vers un public.
« Demain demain à la source encore fraîche
Demain demain attends-moi Capitaine ! »
dit le refrain. Hier, Demain était aujourd’hui : dans ses mains l’eau fraîche de l’enfance de mes enfants, mon enfance, toutes les enfances confondues, le lieu de convergence où la vie coule de source …

- Mes doigts s’emmêlaient un peu au piano, tremblaient pour accompagner Marie-Laure et Sylvia jusqu’à « La petite espérance » Un de ces hasards pour moi miraculeux. En novembre nous nous étions rencontrées en sensibilité, en profondeur de ressenti, à une source justement, où elles m’avaient invité à descendre. Le chemin était raide, elles y avaient taillé des marches cet été. Quand nous sommes arrivées, un poème lui aussi ancien d’une bonne vingtaine d’années est remonté à ma mémoire. C’était l’heure où il pouvait sortir de sa réserve et rencontrer les filles de la source qu’il espérait depuis longtemps. Je l’ai depuis mis en musique mais ce n’est pas lui la petite espérance réalisée. Sylvia et Marie-Laure ont accepté de chanter ma première chanson à deux voix. Ce titre trottait depuis longtemps dans ma cervelle. Je savais qu’il me venait de l’adolescence et de la découverte de Charles Peguy ( que j’ai d’ailleurs lui aussi retrouvé avec références sur Internet). Tout ce mélange de bon, d’émotions, de ferveurs, d’âges, de mémoires, de voix qui s’accordent pour dire l’essentiel : c’était cela mon arrivée à la source souvent pressentie, aperçue parfois, bue hier au soir à pleines mains.

« Oh ce monde en confiance qui vient
libéré de violence, pour demain
aurons-nous le temps de l’attendre
qui vient
aurons-nous la force de la porter
la petite espérance
D’aimer ? »

Hier au soir je me suis sentie drôlement costaude et regonflée à bloc ! Puisqu’elle chante la petite espérance ! A deux voix !

23 mars 2006

FLEUR DE PRINTEMPS

La neige fond
Les primevères déplissent leur sourire frileux
Et le printemps qui s’enrhumait
retourne à l’hiver ses atchoums

Une autre fleur, il m’en souvient
fit ainsi voler en éclats
la gangue qui n’en était pas
Dedans ses pétales elle plaça
du soleil en long et en large
Puis transforma sa géométrie
Voyons, dit-elle,
si on mettait
aux palmes des bulbes sonores
des racines au cœur qui s’ignore
du ciel dans la terre qui vagit
et le poupon jusqu’à mon lit.
Si bien qu’à force de changer
de croître, d’embellir, de chanter
la vieille fleur se retrouva
plus jeune que l’enfant qu’elle était.

Quand les fleurs reprennent atours
les abeilles viennent y butiner.

La neige fond
Les primevères ce matin
font une musique
à mettre l’envers à l’endroit
Une larme sous mes bésicles.

De joie.

Je pense à toi si fort ma fille
Que j’oublie le sud et le nord
Et leurs courants antithétiques.

22 mars 2006

LES VOLETS DE LA TETE


Les belles mains de ma voisine
Tricotent à l’endroit, tricotent à l’envers
Tricotent l’été, tricotent l’hiver
Amoureuses et câlines
Tricotent les mailles du ciel
Avec aiguilles de la terre

Chaque matin Lucienne consulte mon blog et celui de Julie ( Julie tu as fait des fervents dans mon entourage) C’est mon journal, me dit-elle, et reprenant une expression de son petit fils « ça m’ouvre les volets de la tête ! »
Elle a aussi trouvé sur Internet un club de tricoteuses. On s’y refile les bonnes adresses du fil de laine, du fil de « soi » …
Elle invente, met en pelote trois couleurs, combine les formes, les épaisseurs, drape les épaules de sa mère, souligne le décolleté de sa fille … crée de ses doigts de nouveaux liens inépuisables. Donne du plaisir en s’en donnant.
Sur Internet Lucienne communique sa passion de vie, ouvre les volets du jour, transpose ce qu’elle reçoit …
Ce jour-là offre ses mains à la caresse des mots et de leur couleur.

21 mars 2006

PAYS D'ENFANCE ET DE TOUJOURS


Je suis allée voir mon vieux pays se réveiller au printemps. ça et là, dans les envers, des traces de neige mais le signal est donné. Timides taches des couleurs qui s'étirent au soleil. La terre labourée à l'automne ou labourée de frais est prête pour les semailles. Pas celle de mon jardin. J'en tire encore de la mâche qu'ici on appelle doucette. On a beaucoup coupé du bois cet hiver, des buissons entiers ont disparu. Mais globalement tout est en place : Rien n'a changé.
Dès que j'arrive je respire différemment, je marche différemment. C'est mon pays. Au nombril le cordon se resoude. Tout m'est fête pour les yeux : les toits, les vieux arbres, les jeunes pousses. Chaque conversation m'est retrouvailles. Le soleil avant de se coucher sur la maison Pique m'oblige à arrêter la voiture pour fixer l'instantané. La pleine lune que je cherche du regard avant de fermer les volets m'arrache un rire. Je croyais l'avoir perdue, elle est bien là derrière les peupliers. Les soucis pour l'avenir, celui des jeunes, de mes petits enfants ( l'un d'eux est à la manif à Lyon) s'arrêtent. Mes obsessions se calment. Les mots eux-mêmes se taisent. Sauf à cette heure habituelle de la nuit où ils réclament la parole, font le pack de rugby pour attaquer les défenses. L'extraordinaire de la vie propose ses alleluia.
"Bienveillance à la rivière
Au printemps qui se pourlèche
Les babines aux cailloux..."
Une chanson revient visiter mes neurones
Je n'ai pas encore remis l'eau dans la maison. Il gèle la nuit.
A l'encre Waterman je tâche mes doigts pour arrêter le gel et avancer le printemps.
Heureuse, mon ami, ton souhait est exaucé.

20 mars 2006

LA LOUE PRINTEMPS


LA LOUE PRINTEMPS
Vidéo envoyée par gelzy
Impressions de printemps et retour au Pays.

18 mars 2006

ENCORE AUTRES MAINS


Ces mains-là souvent me régalent
Elles m’apprennent le menuet
Quand sur ma peau elles font des gammes
Sûr que je ne vais pas pleurer !


Ces mains-là écrivent
Labourent les mots pour y planter
Ramonent des idées les vieilles cheminées
Nomment et verbalisent
Agents du risque
Contrôleurs du passé
Vigies des horizons nouveaux

AUTRES MAINS



Les mains du laveur de carreaux
Ou du réparateur de lampes
Sont-elles en bas, sont-elles en haut ?
Sont-elles posées dessus la rampe ?


Les mains du cuisinier toqué
Attaquent le jambon à la paille
Mieux que ferait un palefrenier
Et la polenta italienne
Sans doute mieux qu’une rosière

16 mars 2006

LES MAINS


Comme elles sont belles les mains de Louis
Toute couturées de crevasses
Miment-elles la voisine d’en face
Ou l’importance du chantier ?


A ranger les pions du scrabble
Les mains de joueuse se souviennent
Qu’elles sont aussi mains musiciennes
Jouent sur les mots comme sur notes

15 mars 2006

SUR MON CALEPIN


sur mon calepin :
Les louveteaux cette fois ont grandi. J’assiste à l’atelier d’écriture d’une histoire collective, impulsée par un écrivain professionnel auteur de livres pour jeunesse, relayée par les bénévoles de la bibliothèque ; Un exemple intéressant d’ouverture de l’école à d’autres présences et influences.

- "comme les legos" ? ( l'emboîtage des idées dans l'histoire, et la remarque est ensuite explicitée très judicieusement par son auteur pour la construction du scénario)
- "elle peut avoir plusieurs sentiments à la fois" ( un qui s’y connaît en psychologie autant qu’en informatique)
- « peut-être que c'est une enfant gâtée et qu'elle a un portable » ( chez celui-ci on est protégé : il n’a même pas la télévision)

- "Clotilde, ça fait vieille Clotilde
" à cinq ans tu peux rien y faire même si c'est un prénom de vieux
( on va adopter Zoé finalement pour le nouveau personnage qui vient d’entrer dans l’histoire)

- c'est une série télé que tu nous fais ? -et pourquoi pas !
- "bouffer" non ! MANGER ! ( correction énergique sur le ton de J P Coffe)
- un moteur électrique sur l'île ? - Non ! Mais je rigolais !
- avec les deux bateaux qui ont fait naufrage, ils ont un peu de technologie
- à quoi ça va servir une hache dans un bateau, à part à se suicider
- non non vous êtes trop dans l'imaginaire ! ( un maître de scénario de huit ans )
- A quoi a servi la baleine ? - A faire un peu d'action !

la prochaine fois ils inviteront peut-être une baleine !

14 mars 2006

NEW NEIGE

NEW NEIGE

Elle insiste
Elle s’incruste
Nage à tous les étages
Pose sur le palier des paillassons ouatés
Elle noie les primevères, les perce-elle
Les fonctionnaires
-Les fonctionnaires ?
-Ceux du calendrier !
Elle organise
des chasses à la bêtise
et des chasses au dahut
Elle fait des biscornus
Elle fait les biscoteaux
-4 heures dites-vous, de pelle et devant votre porte !
Elle veut rentrer. Il faut qu’elle sorte.

Bref ! A nous regarder de toutes ses pépites
Elle palpite
Elle fait la classe aux amoureux du feu
Pose sur leurs bâtons
Skis ou raquettes
Les petits vieux
Elle glisse, elle plisse
elle tobogganne et luge
elle est la belle centrifuge
qui fait tourner encore les têtes

Elle a même effacé d’un seul coup d’ouragan
Toutes les photos fraîches d’hier
Tant pis ! Elle reviendra !
Elle est la belle familière
Qui ne se lasse pas.
Post Scriptum :
Il paraît qu'il neige sur le lac Majeur ! Il y a un monsieur désespéré ( Morte Schuman ?) qui a tout oublié du bonheur et qui insiste beaucoup ... à la radio ce midi
- Il neige sur ..... le MOUCHEROOOOOOTE (quelle rime trouver pour adapter la chanson ?)
-Il neige sur .... les trois PUCEEEEEELLES (là ce devrait être plus facile !)
En tous cas j'vais pas faire d'HISTOIOIOIRES
S'il neige c'est pas la mer à BOIOIOIRE
P'têtre qu'en Avril il neigera pluUUUs
et que l'bonheur lui s'ra rev'nu ?

12 mars 2006

DENTELIÈRES ET BRODERIES


DENTELIÈRES ET BRODERIES
Vidéo envoyée par gelzy

Photos de dentelles et broderies dues à Maître Pierre.
Nouvel essai de composition image- chanson pour Julie et la bande à Julie qui semblent y prendre goût !
Il fait beau, la neige est blanche
Bon Dimanche !

QUE NENUIT !

C’est la nuit que les hiboux crient
Le genou de Julie
L’estomac de Gelzy

Qui dit qu’elle dort la nuit
Dans un lit ?
Nenni !
La nuit grésille, pétille
A quatre heures et demi
Petite fille elle brille
Vieille dame elle rit
Jaune. Pis !
Sans soupirant elle geint
Elle a des remontées gastriques
Et elle a mal aux reins.
Bah ! Tant pis !
Tant va la nuit qu’elle finit.
C’est la nuit que les chats sont gris
Et les chaussons transis
Mais les chansons hein ?
Chanson transite aussi la nuit
Allez zou ! Allons-y !
Pince-moi Pince m’y
Dans ce bateau qui fuit
C’est la nuit que rossignols rient
Et l’insomnie nie
L’estomac de Gelzy
Le genou de Julie

11 mars 2006

10 MOTS à BOIRE

Hier au soir, à la bibliothèque, nous fêtions les dix mots* de la francophonie proposés cette année, d'une manière conviviale puisqu'il s'agissait de les donner à boire. J'étais chargée du vin chaud pour illustrer FLAMBOYANT.
* BADINAGE, KALEIDOSCOPE, SOIF, TRESSER, ESCALE, HÔTE, OUTRE CIEL, MASQUER, ACCENT
Ce matin les dix boissons, toutes plus géniales et inventives les unes que les autres, continuent de m'émoustiller les papilles



Au kaléidoscope des mots
Si tu changes la donne
Si tu retournes les voyelles
Culbute les consonnes
Mets l’accent sur l’action du verbe
Tu te retrouves flamboyante
Et dans ce dictionnaire tressé
De nouvelle manière
Qui fait escale outre ciel
L’eau se change en pinson
Ta soif en abondance
La nuit masque sa peur
Un badinage léger
Fait perler aux aisselles
Le salaire du bonheur
Hôte en ta maison
Aubergiste de ta langue
Tu fais ton lit à la Grande Ourse
Et sous tes reins lourdauds
Projetés dans les airs
La Grande Ourse chante.

10 mars 2006

LES P'TITS LOUPS


LES P’TITS LOUPS

Journée d’hier beaucoup consacrée au p’tits loups / réunion le matin à Grenoble pour l’opération « FAIRE LIRE » Visite de la bibliothèque où nous pourrons puiser des livres, historique du livre pour enfants Ect…
Et retour au village pour prendre par mini-groupe les petits loups. C’est leur maîtresse qui souhaite que nous lisions à propos des loups, thème de la classe. J’en ai profité pour sortir de la bibliothèque « Marlaguette », un album du Père castor qui ne date pas d’hier, et « la soupe au caillou » où le vieux loup cuistot frappe à la porte de Dame Poule non grippée Toc ! Toc ! Toc ! Pour être sûre de ne pas être prise de court, un autre livre sur les « vrais » loups, ceux qui font du 55Km/H, ceux qui ont des petits louveteaux en deux mois. Gestation est un mot bien savant. Deux mois, une durée indéterminée pour eux qui ignorent qu’il en a fallu neuf pour leur propre fabrication ( mais les jumeaux savent pertinemment qui est sorti la première)
« Moi j’ai des couleurs dans ma tête , j’ai tellement regardé le livre !» dit Jordan

Bonheur sur toute la ligne et entre les lignes : arriver dans la cour, voir les frimousses vives, retrouver la classe de la Maternelle, belle des dessins aux murs, bien rangée …puis l'échappée jusqu'aux locaux de la bibliothèque, le plaisir de lire dans des albums marrants, tout cornés des lectures précédentes. Recevoir les compliments de ces demoiselles sur ma belle jupe rouge que j’avais sortie pour faire sortir le printemps.
Oui un bon jeudi en forêt !
- Loup y es-tu ?
- oui j’y suis !
la formule magique l’a débusqué et c’était un loup tout-à-fait coopérant ! un loup à ravir les mères grands.

08 mars 2006

JOURNEE DES FEMMES


JOURNEE DES FEMMES

Non les fous ! Je n’irai pas parler pour vous parce que j’ai quatre mots qui me cognent à la tête, qui tournent en rond, hurlent et m’écartèlent.
Dans mes dérives j’ai trouvé un ponton.
Non les Noirs ! Je n’irai pas me plaindre de ne pas briller comme vous ! Reprocher aux étoiles leur lointain, leur mystère et leur musique dans la nuit ne sert à rien pour trouver en soi sa lumière, sa cosmonaute intransigeance et son légitime appétit.
Non ! Syndicat des locataires et syndicat des propriétaires ! Non ! Agences, églises, associations, amicales : brehaignes, je ne verserai pas de cotisations à tous vos statuts éphémères.
Ni pour vous, prostituées putains, qui pour gagner la croûte vendez aussi le pain, je ne négocie pas de confuses envolées et n’ai rien à redire à vos culs déhanchés.
Je ne porte parole qu’en mon nom.
Nu, prolétaire. Martyr et oppresseur. Mon nom de femme.
Et cependant je ne parlerai pas pour les Marie et les Nanas.
Mais en ce seul nom qu’un hasard m’a donné, qu’une famille a jeté au monde comme une pièce de monnaie, comme une graine, comme un fruit,
au grand encan
pour l’honorer et m’en faire naître
Je dirai ma folie
Ma peau noire sous l’apparence et l’oubli
Mon vagin et mon cœur et leurs palpitations aux papillons qui vont et viennent, à la peine, au travail
Je dirai
Immigrée de l’intérieur, mes appartenances fidèles et mes droits à la différence, à l’invention, au respect
A l’eau claire, au ciel que je me veux
Droits de vieillir sans porter de médaille
et sans louer ma place au cimetière, d’avance
De rajeunir de chaque éclat voisin et de chaque sourire.
Et moi enfant, et moi vieillarde
Et moi de toutes les couleurs, de toutes les souffrances et de tous les plaisirs
J’écouterai vos cris et vos murmures.
Forte de vos échos, légère d’avoir délesté mes mensonges
de n’être que maillon, je serai chaîne.

1986 « Entre les miroirs »
aujourd’hui 8 Mars 2006 à mes compagnes et compagnons de chaîne et de blog

BOITE A BOUTONS

Boîte à boutons de la mère d’André qui me rappelle celle de ma mère
Boîte à boutons des mères où on trouve rarement le bouton qui convient mais la foule de ceux qui ont servi et s’entassent. « ça peut servir » : ça ne sert pas, mais c’est là en attente, jusqu’à la mort. Toutes couleurs et toutes tailles des boutons passés …
Que sont devenues les boîtes à boutons ?


Demain est déjà aujourd’hui
J’attends demain
Demain il y aura c’est sûr
des choses à faire
des boutons à classer dans les boîtes à boutons
En décrochant le jour de sa patère
je saurais bien donner bel air à ma chanson
En attendant demain
que puis-je ? Que pourrais-je ?
Remuer les atomes de la nuit sans sommeil ?
Secouer les fantômes comme des vestes usées
des trous à des chaussettes ?
Laisser glapir le vieux renard qui veille
à ne pas oublier chacun de mes faux pas ?
Devant ses yeux aveugles me boucher les oreilles ?
De quelques mots sans suite risquer le glas
d’une cloche fêlée qui ne reviendra pas ?

07 mars 2006

NARCISSE


Narcisse grandmère et narcisses à venir ...

Il y a, au commencement, le narcisse qui fleurit au printemps. Il se trouvait quand j'étais enfant dans le jardin de Madame la Mairesse. Avec les jonquilles, les jeannettes, les tulipes, il apportait dans notre campagne le signe de la civilisation des loisirs et des jardins dits d'agrément. Je fis en sorte d'épouser le petit-fils de la belle maison aux narcisses !
Et puis il y eut, en classe de philo, ce Narcisse qui penchait sur l'eau son image. Je le regardais éblouie, dans le poème de Valéry, lisant et relisant le commentaire d'ALAIN pour tenter de comprendre les arcanes de la poésie, pour m'en imprégner jusqu'à coller le masque sur mon propre visage, mon front sur le miroir des mots ...
"Ce soir comme d'un cerf, la fuite vers la source/
Ne cesse qu'il ne tombe au milieu des roseaux,/
Ma soif me vient abattre au bord même des eaux" ...

Ma soif reste intacte malgré les années. Est-ce narcissisme que de chercher dans l'écriture un visage ? De croire parfois l'y trouver puis de recommencer la quête jusqu'à ce que ... l'onde brouille les traces et multiplie les reflets ?

"l'insaisissable amour que tu me vins promettre/
Passe, et dans un frisson, brise Narcisse et fuis ... "

Ce soir je relirai le Narcisse de "Charmes". Merci à la proposition d'écriture. L'enchantement sera le même si la compréhension n'est pas meilleure
" Toi seul, o mon corps, mon cher corps
Je t'aime, unique objet qui me défend des morts"

P.S
A l’atelier d’écriture, une fois le déclenchement opéré par l’inducteur on peut aller voir ce qu’ont écrit les petits camarades. Une autre référence au poème de Valéry m’amuse. Son auteur y confesse son ennui profond à la lecture de « Charmes » et la transformation érotique qu’elle en faisait.
La lecture annoncée à haute voix a eu lieu le soir-même en attendant que les pommes de terre soient cuites. Nous étions partagés, Pierre et moi, entre l’admiration pour la langue et l’impression parfois que … oui, c’est beau mais … Est-ce que ça nous parle encore ? Notre admiration n’était-elle que le reflet de celle de nos maîtres pour qui Valéry était le nouveau génie de la littérature Française. Lit-on encore Valéry ?
Hasard ? En mettant mes bottes dans le couloir pour aller me balader, j’aperçois sur l’étagère un petit livre (sur l’étagère du couloir les livres ne sont pas au rebut mais …)
D’Henri Mondor « L’heureuse rencontre de Valéry et Mallarmé »
Et qu’est-ce que j’y trouve, sur la page du même hasard, dans la bouche de Valéry soi-même : » Narcisse a parlé dans le désert ; Quand je l’ai vu imprimé, j’ai eu une telle horreur que je l’ai refermé tout de suite. Etre si loin de son rêve. Et c’est mauvais. Ça ne peut même pas se lire » No comment !
Le maître était dur pour lui-même !

06 mars 2006

DIMANCHES MATINS


DIMANCHES MATINS
Vidéo envoyée par gelzy
D'un dimanche à l'autre. Chanson d'images, Image de chansons

A Julie, l'instigatrice en diaporama et inspiratrice de la chanson
Aux chats, les maîtres de sagesse
Aux Dimanches, les cadeaux du temps
A tout ce et ceux que j'aime, dimanche et semaine

05 mars 2006

STOP !


Elle est là, près de moi, elle passe
Même le stop rougit en la voyant passer
Sait aussi qu’elle s’appelle
Sarah la belle
Même le stop en rougit jusqu’au bout de ses pieds
Si l’ombre est un peu grande, à ce bout de ce pied
C’est que Sarah immense se projette déjà
Médecin elle sera
Le stop se répète. A trois reprises dit
Arrêtez ! Regardez !
Voyez donc ses chaussures et son pull assorti !
C’est Sarah ! C’est Lundi ! et c’est une grand-mère
éblouie

04 mars 2006

"CHERS PARENTS"

Chers Parents, (Bis)
Le livre d’André Thiennot continue de me travailler au corps. Je crois que c’est lui qui provoque des remontées de passé pas seulement dans les faits mais dans les états mentaux. Cette nuit, en rêve, j’ai retrouvé l’angoisse du premier jour en classe, cette fois-ci j’étais prof, j’aurais dû être à la retraite mais il me fallait affronter de grands, d’immenses galapiats et fillasses,( vous avez remarqué comme ils grandissent nos petits !) je ne savais même pas ce que j’allais leur enseigner, si c’étaient des quatrième ou des seconde, mais il me fallait y aller … J’ai commencé par leur demander leur nom (feuille 21/27 coupée en deux et verticale) et quand j’ai écrit le mien au tableau il s’échappait, un o manquait, j’avais oublié la suite … BRR …
C’est intéressant un livre qui joue sur soi comme marteau sur l’enclume. Faire gaffe cependant que le marteau ne glisse et, au lieu d’affûter la lame, ne tombe sur mes pieds !

Février 1956 ; Le grand froid, « sous terre c’est gelé profond » et les WC, les lavabos à la caserne sont bouchés .

Souvenir de gerçures et détresse : Mon oncle Félicien est mort. Bien que je le sache hospitalisé la nouvelle m’atteint rudement. Mon imposante directrice d’Ecole Normale m’autorise à partir pour l’enterrement. Les rues sont verglacées, je rejoins à pied la gare de Grenoble. De train en car j’arrive aux Avenières. Il fait très froid. Valise en main et pieds glacés j’entreprends de couvrir à pince les 6 Km qui me séparent de la maison. Pas question de téléphoner, de prendre un taxi. Comme la route est longue ! La nuit tombe. Comme je suis petite et désemparée sur cette route ! Qu’est-ce que c’est que la mort ? C’est la première fois qu’elle me touche de si près. Le tonton. J’ai dit à ma directrice qu’il était « comme un père » pour moi. Jolie formule ! Mais qu’est-ce que je sais des liens et des ruptures ?

P66 « ça manque de réserve de vous raconter ça, Modeste n’est pas mon cousin » et André de relever les (bons) commentaires de ses chefs qu’il a surpris dans le bureau du lieutenant.

Quel plaisir d’être immodeste pour la famille ! D’où nous arrivons nous avons toujours le complexe de nos insignifiances collé à nos godillots. Toujours besoin d’être rassurés sur nos aptitudes. Et l’opinion d’un chef ça compte ! Mon père se disait « anar » mais il fallait le voir se rengorger quand nous lui ramenions de bonnes notes, de bonnes appréciations, de bons « classements». Les anecdotes sur ce qui nous arrivait faisaient le tour de la famille, du quartier. Par ces quelques mots flatteurs posés en évidence sur un « papier » était rendue visible notre appartenance au clan des meilleurs, ceux qui font la bonne société, ceux qui « réussissent », les « travailleurs » « intelligents » « en progrès » Même nos défauts soulignés gentiment ou ironiquement ( mon bavardage impénitent, la « faible constitution » d’André, il corrige aussitôt « mes dents, mes angines », servaient à ce qu’on parle de nous. Depuis des générations nous n’étions que des « taiseux » ; nous entrions par la grande porte chez « les gradés », « les instruits », les « capables » …
La laïque pour moi, l’Armée pour mes frères, nous faisaient confiance pour nous monter « plus haut » « plus loin » (celui-là il ira loin !) ou tout simplement pour nous « tirer de devant », nous permettre de « s’en sortir ». Parfois, fugitivement, on flairait l’arnaque. Mais globalement nous étions très reconnaissants à ce regard promotionnel jeté sur nous.

Le livre d’André dans son authenticité (seulement quelques notes aujourd’hui pour des précisions), l’évidence d’un jeune homme qui s’adresse en toute franchise à sa famille, est irremplaçable pour qui dans l’Histoire avec le grand H ( ou LA grande …) cherche le plus justement possible quelle fut la place de son histoire. C’est le genre de livre qui me fait monter les larmes aux yeux

03 mars 2006

PERCE-NEIGE DE BULGARIE


Michaela est venue déjeuner. Sur le chemin verglacé, arrimée à mon bras, moi à mon bâton, je lui annonce les perce-neige pour la consoler de cet hiver qui n’en finit pas. Elle les salue avec joie en entrant dans la maison et se met à raconter.
En Bulgarie le 1er Mars tout le monde offre le petit perce-neige. Accompagné de figurines rouges et blanches, tressé en bracelets, il est chargé de porter bonheur comme notre muguet du 1er Mai. Qu’on soit vieux, bébé, jeune fille … chacun le porte dans la rue, au travail. Le président l’arbore à son revers. « Enfant j’en avais plein. Ma mère me les accrochait tous.
On gardait sur soi la « marténitcha » et à la première hirondelle ou cigogne tu prends ta marténitcha et tu vas, toute seule, la porter dans la forêt, tu la mets sur un arbre et tu fais un vœu »
J’ai bricolé pour Michaela une marténitcha rapide et sommaire qu’elle porte sur son pull blanc La figurine est une fève de la galette des rois vaguement rouge et blanche, l’attache vient d’une réunion d’orgues de barbarie, le rouge est déchiré … Mais ce matin j’ai le temps et le fil à pompoms qui peut lier les souvenirs de Michaela aux perce-neige de mon jardin …
C’est bien la première année que les perce-neige n’en finissent pas de me raconter le printemps ! Grâce au blog ?
Julie tes perce-neige sont aussi beaux que les miens. Et le miracle est qu’ils communiquent tous, de France et de Bulgarie, de Roumanie ou du Dauphiné de Gelzy à l’Aube d’Aben. Encore un petit rien qui peut beaucoup !

Perce-neige de Bulgarie

Chaque premier Mars tu fleuris
Indestructible
Dans le cœur de Michaela
Tu as pourtant bien voyagé
Dans les prairies du monde entier
Dans la pluie et dans la tourmente
Mais ce que tu avais confié
Aux grands arbres de la forêt
Continue de la protéger
Dans les plis de son âge tendre

02 mars 2006

MARRAINE PERCE-NEIGE



Les marraines perce-neige sont belles à 101 ans !
Les tulipes les regardent envieuses, admiratives
Voudraient de leurs yeux bleus prolonger les pétales
le coeur d'or, l'esprit clair, la présence opiniâtre
et ce sourire léger qui paraît sur leurs lèvres
quand un nouveau printemps les appelle à fleurir.
Petites fleurs discrètes, femmes jusqu'au bout des ongles
elles donnèrent à la vie bien plus que des enfants.

Elle m'a donné à moi, celle qui me concerne,
chevillée à mon corps la petite espérance.

01 mars 2006

RETOUR DU PASSE



Il neige, ça plume sec sur la blancheur des perce-neige !
Heureusement que j’en avais rentré une poignée !
Heureusement que la maison a préparé ses mots doux comme des flocons chauds sur le papier, that is to say :
- le livre d’André Thiennot CHERS PARENTS que j’ai ouvert avec gratitude pour le travail du collectionneur de souvenirs, et que je ne ferme pas, déposé à l’envers, tout proche de moi sur la table de cuisine, mon bureau pour y jeter un œil, y piquer une expression qui me parle de moi, de ma famille, de cette année 1955 … La gratitude devient connivence, l’émotion : joie.
- Ex : « les Parisiens sont jazz et les ruraux musette »
(Dans la chambrée autour du « poste » de TSF, pour le choix des programmes.)
C’est la musette que je ressens en lisant. Notre fierté d’un monde clos, où nous étions à l’aise, en famille, notre fierté de nous adapter au monde extérieur ( moi la pension, André l’armée) et d’y faire bonne figure ( nous étions par volonté opiniâtre de la race des premiers) Quelle force en nous ! Nous devions réussir, « tenir le coup », pour nous et pour eux, nos chers parents
Moi je commençais mes lettres par :

Chère maman, chers tous ( pour que Maman retrouve en tête sa place, son courage et mon amour indéfectible)

J’aurais envie de continuer sur cette lancée, de retrouver le papier à lettres bon marché rayé et d’y laisser courir mon stylo, mais la journée est aux perce-neige sous la neige. Ils seront 7 ce soir à partager la table : chers enfants, chers petits enfants.

Merci la vie !
Merci André ! C'est pour vous le bouquet en réponse à celui que vous m'avez envoyé